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Cht du vendredi – R6 : Les échecs ; un jeu de hasard

Lorsque j’étais jeune (et donc inexpérimenté) et qu’on me demandait pourquoi je jouais aux échecs, je répondais que c’était un sport où le hasard était absent et où l’on était seul responsable de ses victoires et de ses échecs (subtil jeu de mot, n’est-ce pas ?).
J’y ai cru sincèrement quelques temps mais, l’honnêteté et la franchise (très subtil jeu de mot, n’est-ce pas ?) m’ont rapidement fait reconnaître qu’il n’en était rien.
C’est le hasard seul qui décide des résultats de la plupart de mes parties.
Un exemple entre mille nous est fourni par ma partie de la dernière ronde du championnat du vendredi soir.

Le hasard entra en jeu (oui encore…) avant même la rencontre :

Message du capitaine dont je tairais le nom par bonté :

Merci à tous pour vos réponses rapides, l’équipe de ce vendredi soir sera constituée de
1N Olivier B
2B Benoît
3N Jean-Marie
4B Laurent

RDV à Franconville à 20h30 ce vendredi !

Message du même quelques heures avant la rencontre :

Bonjour à vous,
désolé de vous perturber dans vos préparations que je devine intenses mais j’ai un empêchement de dernière minute. J’ai donc appelé Christian ce matin qui me remplace au pied levé. Les couleurs vont donc changer, voici la nouvelle composition :

1N Benoît
2B Jean-Marie
3N Laurent
4B Christian

Je te laisse Benoît gérer la feuille de match ?

On peut légitimement mettre « empêchement de dernière minute » dans la catégorie hasard. N’est-ce pas ?

Et donc ma préparation intense avec les blancs contre l’habituel deuxième échiquier de l’équipe adverse n’avait servi à rien.

Vous noterez aussi qu’il était possible de faire de sorte qu’un seul membre de l’équipe voit la couleur prévue changée en faisant jouer Jean-Marie au premier échiquier. D’autant que notre vétéran bien plus expérimenté que moi possède un classement nettement supérieur au mien.
Mais nous ne jetterons pas la pierre au capitaine dont j’ai tu le nom.

Nous étions favoris et une victoire était nécessaire pour assurer une place sur le podium (la victoire étant définitivement hors de portée à la suite de la rencontre précédente – dont le compte-rendu a mystérieusement disparu, probablement hacké par des pirates informatiques) :

Franconville B – Enghien-les-Bains
JEDIDI Brahim 1757 – LEFRANC Benoit 1889
MAREC Yann 1783 – MOURGUES Jean-Marie 1890
SKORUCAK Thomas 1715 – GRAVIER Laurent 1851
SANYAS Louis 1740 – BIDARD Christian 1770

Je tiens à préciser que lorsque j’écrivais ci-dessus « C’est le hasard seul qui décide des résultats de la plupart de mes parties. » mes partenaires n’étaient – cette fois-ci – en rien concernés.

Bien au contraire, ils ont géré avec brio leurs propres parties selon la méthode éprouvée : nulle avec les blancs et gain avec les noirs.

La menace de mat du berger du taquin Jean-Marie fut éventée :

la partie resta tout le temps équilibrée même si Jean-Marie (au début) et son adversaire (ensuite) eurent l’initiative.

Dans cette position


La répétition de coups Ff2-Fh8-Fe3-Fg7 offrit une nulle méritée aux deux combattants.

Même résultat pour Christian, mais il dut bataillé un peu :


La reprise par la tour (au lieu du pion qui conservait l’égalité) le mis sous pression mais il se défendit bien et les deux joueurs se quittèrent bons amis dans cette position :

C’est Laurent qui apporta la première victoire dans une partie très animée, les blancs sacrifiant un pion dès le deuxième coup. Le troisième échiquier enghiennois sut défendre activement jusqu’à ce que les blancs craquent dans cette position tendue :


Ils jouèrent 22. f3 ? au lieu de Rf1 et après Dxf3 la position des blancs s’écroula.

J’écrivais plus haut que ma partie pouvait servir d’exemple de l’influence du hasard aux échecs.
Vous conviendrez que jouer aux échecs un vendredi après une dure semaine à expliquer à ses petits-enfants les théorèmes de Pythagore et Thalès ou bien les différences entre les homophones (où et ou et à et a par exemple) apporte davantage d’incertitude que jouer tranquillement un dimanche après un samedi de repos.
De plus, l’heure tardive, en pleine digestion d’un bon repas préparé avec amour, augmente sensiblement l’incertitude du résultat.
Ajoutez par-dessus tout ça, la cadence infernale d’une heure KO plus trente secondes par coup et la variabilité devient incontrôlable.

Pourtant, malgré le fait que je ne me sois décidé qu’au dernier moment pour une ouverture que je n’avais pas joué depuis 50 ans (sic), le début de partie fut tout à fait correct de part et d’autre jusqu’à ce que le hasard se mette à intervenir :


Je ne vois pas que je peux simplement défendre par b6 et donc après Tb6 ?! je perds un gros pion.

Dix coups plus tard c’est au tour de mon adversaire :


40 Ta8 ?! perd une grande partie de l’avantage et me permet d’égaliser malgré le pion de moins.

Je lui rends bientôt la pareille :


par Rh8 ? alors que Rf8 conserve l’égalité car 48. g4 ! joué par mon adversaire permet au roi blanc de s’infiltrer.

Pour finir, on pourra dire que la chance était de mon côté :


Dans cette position il y a quatre coups « logiques » : 52. Tb7 (et mat en 25 coups d’après SF16) ; 52. Ta8+ (et mat en 26 coups encore d’après SF16) ; 52. Rh6 (avec une évaluation de +96,1 toujours d’après SF16). Mais mon adversaire a choisi 52. Rxg6 qui permet aux noirs l’échec 52… Tc6+ et le pion g3 assurera la nulle 10 coups plus tard.
J’avais donc trois chances sur quatre de perdre cette partie.

Grâce à ce bénéfique coup du sort, nous remportons la victoire 1-0 et conservons nos chances de podium.

Vous avouerez que le hasard est bien partie prenante dans notre jeu.

2 commentaires.

  1. Encore une composition sans accroc du capitaine mystère ! Jean-Marie ayant joué le mieux classé, la logique était respectée de soi.

  2. En effet, ce capitaine mystère est un visionnaire.

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