Attention : le club a déménagé au 55 avenue Kellermann à Saint-Gratien !

N3 R7 Franconville – échiquier du lac : Une victoire sans appel mais une gestion du temps maîtrisée pour autant ?

Le très attendu compte-rendu d’Emmanuel.

Avant chacune de nos rencontres, nous attendons avec impatience la composition de l’équipe. C’est le Chef qui gère ça, et si le chef gère les compositions depuis toujours, c’est parce qu’il est fort le Chef, tout simplement…
[NDLR : inspiré de la réplique bien connue de Cortex : « Qu’est-ce qu’il est fort le Chef, c’est parce qu’il est Chef ! »]
Au-delà de la composition, le Chef nous donne les consignes pour chaque rencontre. De très loin, les consignes que nous préférons sont celles de fin de saison. Lorsqu’il n’y a plus trop d’enjeu, le Chef nous invite à laisser libre court à notre créativité : « Amusez-vous bien », « Sacrifices même douteux, ouvertures pas encore testées, et variantes rocambolesques sont autorisés », etc.
Sinon, parmi les consignes les plus fréquentes, voici celles que nous appliquons avec le plus grand soin ou presque…
– « Les premiers échiquiers sont chargés d’annuler, les autres de gagner »
– « N’oubliez pas votre stylo magique qui gagne »
– « N’oubliez pas de vous coucher tôt et de manger léger en cette fin de semaine »
– « Révisez bien vos finales »
– « Vous pouvez aussi réviser quelques variantes positionnelles actives »
– Etc.

À travers toutes ces consignes, on perçoit l’expérience inestimable de notre légendaire capitaine.
Pour autant, malgré toute l’énergie déployée par le Chef, il y a une consigne que nous avons beaucoup de difficultés à appliquer et peut-être même à comprendre. Pourtant, le Chef est très clair ; il va même jusqu’à utiliser plusieurs formulations :
– « À tous les échiquiers, la gestion du temps sera une fois de plus optimisée »
– « Et comme d’habitude, attention au(x) Zeitnot(s) »
– « Les recommandations habituelles concernant la gestion du temps de chacun d’entre vous sont de rigueur »
– « Surtout pas de Zeitnot, pas de Zeitnot et pas de Zeitnot ! »
– « Donc, comme à l’accoutumée, pas de Zeitnot mais une réflexion intense et profonde de courte durée ! »

Lors de la ronde 7 du championnat de France de Nationale 3, nous avons affronté nos voisins de Franconville. Nous ne le savions pas encore, mais un envoyé spécial était présent pour analyser notre gestion du temps…

Avait-il été mandaté par le Chef ? Par Lucky Luke, autrement dit notre Président ?

Quoi qu’il en soit, le rapport est parvenu quelques jours plus tard. En premier lieu, c’est notre belle victoire qui a été mise en avant : un score sans appel de 7-0 (+7 =1) !
Certes contre une équipe à notre portée sur le papier… mais comme vous le savez, très chers lecteurs, cela ne signifie pas que la victoire est forcément au rendez-vous 😉
Ensuite, le rapport mentionne une statistique intéressante : pendant la rencontre, 50% des joueurs de l’échiquier du Lac ont noté leurs temps de réflexion. Sa durée la plus importante pour un coup a même été relevée grâce à l’analyse des feuilles de parties ; il se situe en moyenne au 13ème coup et est d’une durée moyenne de 16 minutes.

Dans chacune des 4 parties étudiées…

Analyse du temps de réflexion

Analyse du temps de réflexion

Les joueurs ayant noté leurs temps de réflexion ont été interrogés sur leur motivation à le faire et surtout sur l’utilisation qu’ils en font ensuite. Ils ont préféré garder l’anonymat…

Pour le premier joueur interrogé, c’est avant tout un rituel…
« Sur ma feuille de partie, je note tout d’abord la cadence, c’est un rituel. Ensuite, je note le temps qu’il doit me rester au 20ème coup, idéalement 40 minutes, puis le temps qu’il doit me rester au 30ème coup, idéalement 10 minutes… C’est une estimation évidemment mais elle me semble raisonnable. De cette façon, je vois si je suis dans le bon tempo ou non. Enfin, je note le temps à chaque coup, cela me force à rester concentré. »

Tandis que pour le second, c’est pour faire joli…
« Je note les temps par habitude. À l’origine, c’était pour analyser mes parties et voir comment je réfléchissais et donc améliorer ma gestion du temps. Mais maintenant c’est juste pour faire joli… »

Pour le troisième, c’est la force de l’habitude…
« Je note mes coups par habitude, avec l’intention d’exploiter l’information lors de l’analyse de la partie à tête reposée. En réalité, je ne progresse pas vraiment d’une fois sur l’autre, sauf peut-être quand je joue relâché, sans pression, en général lors des dernières rondes pour lesquelles il n’y a pas trop d’enjeu.

Enfin, pour le quatrième, l’important n’est pas de noter les temps mais d’arriver à comprendre ce qui peut nous amener à passer beaucoup de temps sur tel ou tel coup…
« Je ne les note pas depuis très longtemps, je dirais depuis 4-5 ans. Très clairement, aujourd’hui je n’exploite pas ces informations. Mais, tout aussi clairement, je pressens que l’écrasante majorité de mes contre-performances est due à une bourde en Zeitnot, et à une mauvaise gestion du temps au préalable. Au départ, je pensais que c’était dû à mon absence de connaissance sur la théorie, donc j’ai étoffé mon répertoire ces 3-4 dernières années et j’en vois les effets : je ne suis plus dépaysé dans l’ouverture, je joue souvent vite 10-12 coups que je connais. Mais il est courant que dès que j’en sors, je réfléchisse dans le milieu de jeu 20 minutes par coup 3 coups d’affilée par exemple. C’est ce motif-là récurrent chez moi que j’essaie de repérer en notant les temps. Maintenant, il faut que je me prenne du temps pour parcourir mes parties de ces dernières années et identifier ce qui me pousse à prendre autant de temps. Ma petite idée est que je cherche trop « le coup qui tue » alors que la position est égale ou seulement légèrement avantageuse. Comme me l’a dit l’un de mes adversaires au cours d’un tournoi l’été dernier, à un moment il faut cliquer, jouer un coup sain, exploiter ses + et juste éviter que l’adversaire exploite trop facilement ses + à lui. L’autre facette de ce défaut c’est qu’en Zeitnot, inconscient des risques, je cherche là encore à forcer quand, sans temps de réflexion, il faut au contraire consolider ».

Les joueurs n’ayant pas noté leurs temps de réflexion ont également été interrogés et ont également préféré garder l’anonymat… A noter que 75% d’entre eux indiquent que cela ne serait pas très utile ou que cela ne l’est plus…

« Je ne suis pas sûr que cela soit vraiment d’un grand intérêt … Et puis, comme je suis souvent en délicatesse avec le temps, pour le coup je tomberais encore plus facilement… »
« Je ne pense pas que noter les temps m’aidera à progresser. Globalement, quand je suis mal au temps, c’est que j’ai commencé à réfléchir trop tôt/trop longtemps sur un coup dans l’ouverture. Dans ces cas-là, le plus utile, c’est de réviser cette ligne le soir même ! »
« Je l’ai fait il y a quelques années avec l’idée de progresser sur la gestion du temps… et arrêté de le faire. Je dois dire que je ne passe plus beaucoup de temps sur l’analyse de mes parties :-) »

Un seul joueur pense que c’est une excellente idée pour progresser et qu’il notera ses coups lors de sa prochaine partie.

« Je le ferai dans le futur :-) . Cela me permettrait d’apprendre à gérer le temps dans différentes situations. »

L’envoyé spécial ne s’est pas contenté d’interroger les joueurs de l’échiquier du Lac. Il a infiltré le milieu des échecs… Que ce soit dans les jardins ou dans les bars, parfois même dans les clubs ou lors de tournois, il a mené l’enquête avec comme fil conducteur la seule question : « Comment mieux gérer son temps au cours d’une partie d’échecs ? »
Pas simple…

Tout d’abord, quelques causes objectives qui font qu’un joueur peut se trouver en crise temps :
– Une préparation théorique insuffisante qui pousse à vérifier plusieurs fois ses variantes ;
– Le manque de pratique qui amène à plus de réflexion ;
– La complexité d’une position ; certes, c’est à ce moment-là qu’il faut passer du temps, parfois jusqu’à 20 minutes… mais cela implique de jouer les autres coups plus vite, avant ou après…
– La recherche de la perfection… certains joueurs sont tellement consciencieux qu’ils recherchent le coup parfait ! Hélas, il n’y a pas toujours un « Fxf7+ » ou un « Fxh7+ » qui se profile…

Alors, comment s’améliorer ? Il n’y a pas de vérifié absolue mais quelques trucs et astuces proposés ici et là… Pour mieux gérer son temps ou pour éviter de faire des erreurs en Zeitnot…

– Jouer de préférence des ouvertures et des positions connues… C’est vrai, même si cela peut être contrarié par les choix de l’adversaire…
– Reconnaître une position critique et accepter à ce moment-là d’y passer plus de temps…
– Profiter du temps de réflexion de son adversaire, au moins en partie parce qu’il faut aussi jeter un œil à la partie mémorable que le Chef est en train de jouer, à moins de s’intéresser à celle du Panda, du Chirurgien, de Cortex, de Lucky Luke, du Gangster, de l’Acrobate, du Diplomate, de la Girondine, de l’Érudit, du Prof, du Voyageur ou de l’Ado talentueux…
– Etc.

L’objectif n’est pas de dévoiler ici toutes les recommandations des 64 pages du rapport en question…

Pour autant, voici celles qui ont particulièrement attiré mon attention :
– La plupart des joueurs réfléchissent le même temps sur un coup ou une suite de coups. Mais pendant que certains prennent une décision à la fin, d’autres vérifient 2, 3 ou 4 fois… quand ce n’est pas plus… Parfois, il est important de prendre les décisions plus vite… Pour cela, il convient d’augmenter son niveau de connaissances et de s’entrainer à faire des exercices tactiques…
– Certains joueurs cherchent le meilleur coup… Il peut être plus efficace de trouver et de jouer juste un bon coup !
– Parfois, il ne s’agit pas de chercher à réfuter tel ou tel coup estimé douteux de la part de l’adversaire, à obtenir un avantage décisif, mais de trouver juste un coup simple même si l’avantage est léger !
– En Zeitnot, il est important de ne pas forcer… Par exemple, ne pas jouer de coups responsables, autrement dit de coups qui sont irréversibles comme les coups de pions…

Et vous, qu’en pensez-vous ?
Une recommandation pour bien préparer la saison 2024-25 ?

11 commentaires.

  1. Et ce n’est pas un poisson d’avril…

  2. Merci Emmanuel, ça valait le coup d’attendre.

    Ma principale recommandation pour bien préparer la saison 2024-2025 est écrite en rouge sur la page à laquelle on accède en cliquant sur le lien « Charte » en haut à gauche de cette page.

    Et en deuxième lieu « Amusez-vous ! »

  3. Merci Manu pour ton intéressant Compte rendu !

    Je fais partie de ceux que ton enquêteur a interrogé :)
    En ce qui me concerne, je vois bien quel genre de chronophage je suis. Par ailleurs, en zeitnot, ta toute dernière recommandation est comme un réflexe maintenant, expérience oblige.

    JOKE :
    Dans le même sillon, une idée à creuser par ton enquêteur pour l’année à venir :
    Pour certains d’entre nous rédacteurs de CR, y aurait il une utilité à noter les jours qui passent – je n’ose dire les semaines, encore moins les mois 😉 en marge de chaque nouveau paragraphe de nos CR en construction ?

    Naturellement, cela concerne plus ou moins tout le monde, sauf à notre AK national, qui dégaine son CR d’assaut à tempo à peine rentré chez lui !!
    :) :) :)

  4. C’est une excellente question cher Olivier ! Pour ma part, je suis toujours en zeitnot, à la recherche d’une certaine perfection… mais quand le Chef effectue sa troisième ou quatrième relance bienveillante, je me dis qu’il faut conclure

  5. Je sais bien, je connais la question :)

  6. Le comble pour un chronophage, c’est qu’il digère le temps. Alors qu’il ne gère rien du tout, et qu’il en ressort souvent trop peu.

  7. Ca c’est envoyé 😉

  8. Le nombre de commentaires permet de se faire une idée du nombre de « zeitnoteurs » de cette équipe 😉

  9. Pendant ce temps-là…
    Les nouveaux surnoms sont passés inaperçus : saurez-vous reconnaître l’Érudit, le Voyageur et l’Ado talentueux ?

  10. J’ai mes petites idées (mais j’ai triché) :-)

  11. Magnifique article! Super intéressant, bon travail !

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