… la manière aussi est importante. Et à l’échiquier du lac, nous mettons un point d’honneur à préserver ce que nos adversaires anglophiles appellent la « Enghien’s Touch » et les autres « la classe enghiennoise ».

Avant le premier coup, avant même le premier tour de roue, l’élégance et la distinction se lisent déjà dans les échanges informatico-épistolaires (NDLR : les messages ont été anonymisés pour ne pas heurter la modestie de leurs auteurs).

Bonjour à tous.
Serez-vous parmi les chanceux qui partageront un déjeuner gastronomique dans un restaurant sélectionné avec soin par notre président ?
Aurez-vous la chance de voyager dans la luxueuse limousine du Chef et de profiter de son éclectique discographie ?
Porterez-vous les couleurs de l’échiquier du lac avec brio ?
Pour bénéficier de ces incomparables prestations, il vous suffit de vous porter volontaire pour le deuxième match d’interclubs nat. 2 le 16 novembre à Tourcoing.
J’attends vos candidatures, elles seront examinées avec la plus grande bienveillance.

Bien cordialement

Parmi les très nombreuses enthousiastes réponses aux styles élégants et distingués j’ai sélectionné celle-ci :

Monsieur le Chef, je vous souhaite le bonjour !

Permettez moi, Monsieur le Chef de solliciter bien humblement, l’honneur, que dis-je, le bienfait incommensurable (et pour tout dire inénarrable) de pouvoir poser mon séant dans la Rolls Silver Shadow de votre Seigneurie le 16 octobre de l’an de grâce 2025…
Dans l’attente fiévreuse que vous imaginez, veuillez agréer M le Chef l’assurance de ma plus haute considération…

et celle-là :

Kptain, 

Souhaitant mettre ces compétences au service de votre belle équipe, je me tiens prêt à décoller avec vous le 16 novembre pour Tourcoing, si vous me faites l’honneur de retenir ma candidature.
Cordialement, 

Les deux rédacteurs des missives reproduites ci-dessus furent évidemment sélectionnés dans l’équipe.

La brillante équipe de l’échiquier du lac

L’élégance et la distinction des membres de l’échiquier du lac se déclinent aussi lors du repas d’avant match dans l’estaminet choisi avec sa perspicacité coutumière par le président.
En effet, outre la parfaite proximité de l’établissement avec la salle de jeu, la carte proposait divers plats typiques de la gastronomie locale.
Par pure bienveillance, ne souhaitant pas indisposer nos futurs adversaires, le capitaine émit un veto catégorique à la tarte au maroilles spécialité renommée de la région.
En revanche la carbonade flamande fut plébiscité par les convives, seul notre vétéran ayant pris le risque de commander un Potjevleesch.
Élégance et distinction donc même durant le repas, chacun refusant de heurter la sensibilité du serveur en tentant de prononcer le nom de ce plat.

Carbonade flamande (à droite) ou Potjevleesh (à gauche)

Au retour, à la nuit tombée, Monique et Jean-Marie furent initiés au traditionnel jeu de l’homme célèbre. Ainsi, un célèbre homme politique, un très célèbre peintre et une aussi célèbre chanteuse furent proposés à la sagacité des voyageurs.

Ah ! J’oubliais. Entre le repas et le jeu de l’homme célèbre un match d’échecs a été disputé s’est déroulé (« disputé » n’étant pas approprié).

Après le repas, nous sommes monté à l’étage. Digne et impassible, chacun découvrit le nom et le classement astronomique de son adversaire. Nulle remarque acerbe concernant la présence de deux grands maîtres (dont un ancien secondant d’un ancien champion du monde) dans l’équipe adverse ne sortit des bouches enghienoises, aucune plainte à propos de l’exiguïté des tables non plus bien que le capitaine – gaucher – et son voisin – droitier – durent rester attentifs durant la partie à ne pas noter leurs coups sur la feuille du voisin.

Alain et Jean-Marie brillèrent en annulant aisément, les autres ne déméritèrent pas malgré l’ampleur de l’adversité. En résumé nul n’eut à rougir de sa prestation. Les six abandons se firent avec élégance et distinction comme il sied à l’Enghiennois.