Attention : le club a déménagé au 55 avenue Kellermann à Saint-Gratien !

[CDF] R2 – Fin de partie

Compte rendu d’Olivier

Pour ce deuxième tour de la Coupe de France, nous accueillions le Grand Echiquier d’Asnières, qui rallie une partie d’ex-joueurs de Clichy. À la lecture de leur effectif sur le site de la FFE, impossible de savoir sur quel genre d’équipe nous allions tomber. Un quatuor de niveau N1, N2, N3 ?

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Les jeunes de l’école d’échecs du Prof allaient jouer dans le même espace que nous. Parmi les va-et-vient préalables aux deux matches, Benoît me souffla avec un rien d’inquiétude qu’il avait cru reconnaître quelqu’un de chez eux… en effet. Anatoly Vaïsser attendait discrètement devant la porte. À la faveur d’une composition hautement stratégique de notre feuille de match, Benoît avait prévu d’affronter lui même un premier échiquier de ce genre… Enfin, s’il n’y avait pas en réserve un autre grand maître plus fort, ce qui aurait pu se faire ! Finalement non, nous aurons droit à une compo « soft », avec un seul GMI :)

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Le papier était nettement déséquilibré en leur faveur aux échiquier 1 et 4, et à peu près équilibré aux 2 et 3, ce qui nous autorisait à nourrir quelques espoirs.

Benoît avait donc les noirs contre Anatoly Vaïsser, GMI, ancien champion de France (1997) et double champion du monde vétéran. Le Kaptain ayant une culture échiquéenne digne des meilleurs, il évita soigneusement de jouer la Sitting-Bull orientale (*) contre LE spécialiste mondial de la variante du quarteron de fantassins. Diantre, moi qui jouais à deux pas de leur table, j’étais loin de me douter que de telles manœuvres psychologiques étaient à l’œuvre table 1 !

Donc, après une ouverture positionnelle trouvée en impro par le Kaptain, les blancs viennent de prendre le pion h6 :

Benoît a répondu 19…Thf8.

Que se passe-t-il donc sur 19 …Txh6 20. Txh6, conseillé après coup par le GMI pour les noirs ? Les noirs ont la réplique 20…e5 ! Également indiqué par Vaïsser… :(

Coup qui oblige les blancs à résister à la tentation de 21.dxe5??, après lequel les noirs gagnent. Comment ?  Solution (1) à la fin du CR.

Dans la partie, les blancs contrôlèrent l’attaque lancée sur leur roque ; ayant perdu quelques fantassins isolés au passage, Benoît eut finalement la politesse de ne pas demander au GMI de lui montrer comment il gagnait une finale de tours avec trois pions de plus. Politesse apparemment appréciée par AV, qui lui trouva quand même des variantes qui rendaient la tâche des blancs « un peu délicate ». M’enfin bon.

Enghien 0 – Asnières 1

Antoine, au deuxième avec les blancs, rencontrait un ancien président de la FFE, qui ignorait probablement le score impressionnant de notre président contre le gambit chocolaté… Lequel ignorait que peu de temps avant la partie, son adversaire avait assisté à son club à un cours de Vaïsser où celui-ci parlait du jeu des noirs sur ledit gambit !

Dans la position suivante, trait aux noirs, qui vont prendre 16….e6xd5.

Comment reprendre ? L’ordi propose ici le naturel 17. exd5 et le plus cybernétique 17. b4 (celui là, il faut y penser !). Antoine a choisi de simplifier par 17. Cxd5?! Cbxd5 18. exd5 et maintenant 18…Cb5! Avec les désagréables menaces de s’installer en d4 ou en c3. Les blancs ont sacrifié une qualité en b1 et finalement obtenu un pion passé en d5 qui équilibrait plus ou moins les chances.

Dans le diagramme ci dessus, les blancs ont joué 29.Ce5xf7?? (29.Cc6! et rien n’est clair)

Si 29….Rxf7, mat en 2 après De6+, mais les noirs ont placé l’élégant 29…Te8! qui cloue à la fois la dame et la tour blanches. Après 30.Ce5 g5, Asnières a marqué un autre point.

Enghien 0 – Asnières 2

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Olivier (votre conteur) au quatrième avec les noirs, a choisi une Christophe Colomb orientale. Comme dans toute bonne pizza, j’en mélangeai quelque peu les ingrédients, en l’occurrence les variantes :( Un début déprimant pour moi, dont l’issue logique était la défaite.

Dans la position ci-dessus, l’ordi affiche quasiment +5  :(  :( et les noirs ne peuvent éviter de perdre du matériel.

Le simple 23.Fh3 est décisif, mais les blancs ont décidé de jouer la combinaison :

23.Cxf5 (« tlo lomantique !», lâcha Vaisser avec un clin d’oeil taquin à mon adversaire lors de l’analyse) Txf5 24. Dg4+ et maintenant (le ! traduit ma joie lorsque j’ai vu la variante à suivre, quasiment forcée, qui maintenait en vie le jeu des noirs) Tg5! 25.fxg5 Ce5 26 . Dxe4 Fxe6 27. dxe6 Cxg5 28 . Dd5 Cgf3+ 29. Rh1 Cxe1 Txe1

La poussière est retombée, les noirs ont récupéré leur qualité et un équilibre dynamique a pris place : le Ce5 tient la maison (f7, g6) et empêche les blancs de valoriser (en tout cas, de manière simple) leur énorme pion e6. Les noirs ont infiltré leur tour, gagné c4 et nous avons atteint la position suivante :

Depuis quelques coups, mon adversaire ne jouait plus que sa dame et estima que c’étaient maintenant les noirs qui avaient les meilleures chances. De mon côté, je goûtais la joie d’un tel retour du diable vauvert et ne voulais pas prendre le risque de pousser à l’aile dame en ouvrant colonnes pour la tour blanche. Alors…. nulle sur ma proposition.

Enghien 0 – Asnières 2

Manu était au troisième avec les blancs. Toujours aussi créatif, il a pris le temps d’improviser son début qui, en dépit de son caractère primesautier, est livresque jusqu’au moins le 12e coup (dans ma version antique de ChessBase, en tout cas) !

Dans cette position, après une entame fermée, les noirs ont sonné le début de l’action par 16…Fxa3 17. Txa3 b4, et créé un pion passé sur la colonne a.

Manu, qui disposait de la durée d’un blitz pour atteindre le contrôle de temps, a néanmoins résisté à l’initiative noire ! Dans le diagramme ci-après, les deux dames viennent chacune de capturer un cavalier adverse.

Trait au blancs : par quel(s) coups peuvent-ils récupérer le Cc7 ? Solution (2) à la fin du CR.

Dans la partie, Manu a joué 30.Dxc6 qui créait un pion passé sur c, mais après 30….Da5, les noirs ont conservé leur pièce de plus et après l’échange des dames, l’ont emporté.

Enghien 0 – Asnières 3

Un résultat un peu sévère, mais qui finalement reflète à peu près le match. Bonne chance à Asnières pour la suite de la compétition !

_________

(*) Les noms de ouvertures ont volontairement été dissimulés pour brouiller les pistes aux espions des autres clubs :)

(1) 21… Ca4 ! Par exemple :

  • 22.Cxa4 Dxa4 et la faiblesse de la première rangée est décisive ;
  • 22.Txf6 Cxc3! 23.bxc3 et les blancs doivent donner la tour pour éviter le mat ;
  • 22.Th1 Cxc3! 23. bxc3 Dxc3 23 Rb1 Td2 24. Th8+ et les échecs des blancs s’épuisent bientôt, je vous laisse vérifier :)

(2) 30.De7 et les noirs doivent rendre la pièce pour parer le mat.

 

7 commentaires.

  1. Une belle composition de l’equipe adverse, donc plutot un moindre mal que d’avoir evite la bulle. Alors chef, ca fait quoi de jouer AV ? 😀

    Hate de lire les peripeties de N III.

  2. Merci pour les photos Antoine !
    Erratum:
    – Dans la partie d’Antoine, mat en 2 après De6+ et non Dd6
    – Dans la mienne, ce sont les blancs qui ont décidé de jouer 23. Cxf5 et non les noirs !

  3. Merci Olivier !

    Le lecteur attentif avait corrigé de lui-même 😉

  4. Merci Olivier.
    On essaiera de faire mieux la prochaine fois.
    Et mes excuses pour t’avoir “enduit d’erreur” : C’est au coup précédent que monsieur Vaïsser a proposé e5 à la place de f6 ?? (trrrès môvais coup) :-)

  5. @ Olivier : c’est corrigé !

  6. Bonjour Jean-Philippe.

    ça va bien outre-manche ?

    Pour ma part, quand je joue un maître ou un grand-maître (c’est pas trop souvent) je suis très serein : le résultat est déjà connu donc pas de pression (et j’ai fait mentir les stat déjà deux fois mais).

  7. Effectivement, ca permet de jouer cool (j’ai eu beau jouer MVL ou Spiridonov en rapide, ca a pas change grand chose).

    C’est plutot calme la periode sur Londres, j’etais passe il y a 3 semaines pour le tournoi qui n’a finalement pas eu lieu ,(

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