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[N3] R3 : Situations psychologiques

Compte rendu d’Antoine

Au début, je voulais intituler ce compte rendu “Les échecs psychologiques”, mais une lointaine réminiscence de mes années étudiantes m’a alerté sur une possible confusion avec une variante du jeu d’échecs – les “échecs psychologiques”, donc – à laquelle une des joueuses du club de mon école avait essayé de nous initier. L’idée est qu’à chaque tour, on a le droit (mais pas l’obligation) de refuser le coup joué par l’adversaire, qui doit en jouer un autre, qui ne peut alors plus être refusé. On a donc intérêt à jouer le “deuxième meilleur coup” si tant est que ce soit possible, d’où le côté psychologique. Je clos ici la parenthèse ; les lecteurs curieux pourront se référer à l’article Wikipedia sur la question, les plus aventureux pourront même essayer de résoudre un mat en deux ici.

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Mais revenons au sujet réel de ce compte rendu, qui s’intitule donc :

SITUATIONS PSYCHOLOGIQUES

Le match Levallois-Enghien du 4 décembre dernier a vu apparaître de nombreuses situations psychologiques intéressantes :

  • La même affiche, dans le même lieu, s’était déjà présentée en octobre pour le premier tour de Coupe de France. Les Levalloisiens prendront-ils leur revanche ?
  • Antoine reste sur deux défaites d’affilée… Saura-t-il reprendre confiance ?
  • Alain V joue contre un des ses anciens élèves, situation qu’aucun professeur n’aime… Saura-t-il en faire abstraction ?
  • Olivier est un multi-rescapé des premiers matchs de la saison, s’étant miraculeusement sorti de nombreuses situations compromises… Jusqu’où la chance l’accompagnera-t-elle ?
  • Manu rejoue exactement le même adversaire avec les mêmes couleurs que dans le match de Coupe de France. Qui va dévier en premier dans l’ouverture ?
  • Laurent rejoue un adversaire qu’il avait rencontré dans le même lieu en janvier 2013. L’adversaire en question était arrivé très en retard, avait joué tous ses coups a tempo et avait gagné quand même… Et en ce 4 décembre 2016, il est encore très en retard… Laurent arrivera-t-il à oublier le fâcheux précédent ?
  • Le Chef est sérieusement enrhumé, et personne n’aime jouer enrhumé, même le Chef. Parviendra-t-il à maintenir sa capacité de calcul intacte ?
  • Alain K sait qu’il est attendu au tournant sur ses ouvertures fétiches (début du tourteau, gambit des endives, contre-attaque du castor…). Contrera-t-il la préparation de son adversaire par une nouvelle nouveauté théorique ?
  • Kader est le buteur de l’équipe depuis le début de la saison. Continuera-t-il à marquer et à rester en course pour l’Échiquier d’Or 2017 ?

Tadaa… Roulement de tambours…

Voici les réponses à ces angoissantes questions :

  • Antoine : mon adversaire joue tous ses coups très rapidement et mon temps de réflexion fond comme neige au soleil de ce beau dimanche… Mais sur l’échiquier, j’ai un petit avantage et maîtrise les lignes principales. Au moment où je triple sur la colonne e, mon adversaire oppose a tempo une tour sur cette même colonne, ce que je cherchais justement à empêcher. Je ne peux réprimer un froncement de sourcils très prononcé, et mon adversaire abandonne aussitôt : Enghien – Psychologie 1-0
  • Laurent : malheureusement, le même scénario qu’en 2013 se reproduit. Laurent laisse une très violente offensive blanche se développer et n’aura jamais l’occasion de brouiller les cartes. Enghien – Psychologie 1-1
  • Kader : notre Cristiano Ronaldo part rapidement à l’attaque du but adverse et empoche une qualité. L’affaire semble pliée, mais une résistance héroïque du Levalloisien requiert une prolongation du match, et ce n’est que vers le 60e coup que ce dernier dépose les armes. Enghien – Psychologie 2-1
  • Le Chef : Le Chef décide de jouer très agressif pour abréger au maximum la partie et soulager son cerveau enfiévré, mais les noirs résistent et les cartouches blanches sont utilisées les unes après les autres sans effet. Une répétition de coups s’avère même nécessaire pour ne pas prendre de risques inutiles : Enghien – Psychologie 2-1
  • Olivier : une nouvelle fois, Olivier se retrouve au bord du précipice avec un très fort pion central adverse, mais il sait trouver des astuces pour maintenir de l’activité et des contre-chances. Son adversaire sacrifie la qualité pour transposer dans une finale où il ne joue plus que pour deux résultats, mais Olivier se défend bien, et sort un nouveau sauvetage de son chapeau. Enghien – Psychologie 2-1
  • Alain K : finalement, l’Enghiennois invente une nouvelle ouverture, la défense macédonienne. Macédonienne, car c’est le mélange de deux systèmes de défense qui ne sont normalement pas compatibles. L’idée est de jouer une position très douteuse et de défendre comme un mort de faim, de manière à ce que les blancs s’escriment à trouver la faille et finissent par commettre une série d’imprécisions au moment du contrôle du temps. C’est alors que Lucky Luke se mue en Akiba Rubinstein et nous sert une superbe finale de tours, qui permet d’engranger un nouveau point précieux dans ce match dense : Enghien – Psychologie 3-1
  • Manu : notre Manu national décide que c’est aux noirs que revient la tâche de varier par rapport à la précédente partie, et entame à l’identique. Les noirs se laissent alors placer un sacrifice thématique qui leur fait perdre pas mal de matériel, et nous sommes nombreux à penser que l’affaire est entendue. C’est cependant mal connaître la résilience de son adversaire, dont ceux qui l’ont affronté à Enghien peuvent témoigner. Sa résistance est récompensée par une énorme bourde de Manu dans la 5e heure de jeu, qui renverse complètement la situation. Heureusement, la perspective d’une très longue et difficile conversion de l’avantage déplaît au Levalloisien, qui accepte une proposition de nulle. Les deux adversaires se quittent bons amis et prolongeront même par mail leur analyse de la partie ! Enghien – Psychologie 3-1
  • Alain V : une partie à rebondissements, où l’évaluation change plusieurs fois ! Les principales victimes de ces péripéties sont les 4 tours, dont aucune n’est prise de manière “normale” (4 sacrifices de qualité !). Au bout du suspense et de 5 heures de jeu, la défense précise du Levalloisien dans une finale difficile lui permet d’empocher le match nul contre son ancien professeur. Enghien – Psychologie 3-1

C’est dons sur le score étriqué de 3-1 que nous trinquons avec nos adversaires après le match. Merci à tous, et rendez-vous en janvier pour la prochaine ronde de Nationales.

 

 

4 commentaires.

  1. Oui, un match difficile contre de sympathiques adversaires.

  2. Je confirme.
    Pour Noël, j’ai commandé un nettoyage d’ouvertures et au cas où, un autre chapeau tout neuf…deux précautions valent mieux qu’une.

  3. Messieurs de la N4, j’aimerais bien lire des CR de vos matchs, ca serait sympa…!
    Peut-être pour 2017 ?

  4. Merci Antoine pour ce CR.
    Sinon,tout a fait d’accord avec la remarque d’Olivier.

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