Attention : le club a déménagé au 55 avenue Kellermann à Saint-Gratien !

[N3] Ronde 2 – le compte rendu par Manu

Voici l’histoire d’une équipe, partie à l’aventure, sans son chef légendaire – Notre reporter spécial l’a suivie pour vous, en exclusivité

Samedi 17 novembre 2012, une fois n’est pas coutume, je décide d’accompagner une équipe qui pratique un sport original, un sport individuel qui se joue aussi en équipe, avec un capitaine, une stratégie d’équipe, et d’autres ingrédients que je découvrirais sans doute au fil de l’eau…

Pas de ballon, ni de balle, ni de palet ou que sais-je, pas de grand stade, juste une salle, de quoi accueillir 8 tables sur lesquelles sont posés 8 échiquiers, et sur chaque échiquier, 2 armées face à face, vous connaissez sans doute…

Départ de Paris, je me trouve dans la voiture conduite par Le Diplomate, accompagné d’El Présidente, du Chirurgien et d’Houdini, dit le magicien. Mais de qui s’agit-il au juste ? Des coéquipiers de l’Echiquier du Lac, une équipe pas comme les autres, pas seulement parce que ce sont des joueurs d’échecs, pas seulement parce qu’ils ont des surnoms des plus drôles, pas seulement… Je dirais qu’il y a quelque chose de particulier dans cette équipe, un esprit de franche camaraderie, une solidarité à toute épreuve, de l’humour et du talent !

Samedi 17 novembre, départ pour Saint-Just-en-Chaussée, vers le Nord au départ de Paris. Pour moi, c’est une première que de me plonger dans cet univers des 64 cases et que d‘interviewer des joueurs d’échecs.

J’ai vite compris que ce n’était pas un jour comme les autres ; un absent de marque, celui qui se fait appeler « Chef », le capitaine, le stratège, le guide, celui qui connaît ses joueurs comme personne.

« Aujourd’hui, c’est l’anniversaire de la femme du Chef ; alors le Chef n’est pas présent, il nous a donné ses instructions… On est motivés, on a bien envie de dédier une victoire à la femme du Chef, comme ça elle sera ravie et le Chef sera fier de nous », commente El Présidente ; comme son nouveau surnom l’indique, c’est le président du club, il est jeune mais fait déjà partie des vieux sages du club, avec son look Che Guevara !

« Allez les gars, on se souvient des consignes du Chef : pas de « Zeitnot », on joue simple et efficace ! »

Ça devient technique, je ne vais pas demander au Diplomate de m’expliquer ce que ça veut dire ; il est déjà 14h, le Panda, Girondine, Smatiov et Lucky-Lucke sont arrivés. Les parties débutent aussitôt…

C’est passionnant ! D’âpres combats sur chacun des échiquiers, mais aussi des émotions, des moments de doute, des encouragements les uns envers les autres, la petite accolade qui dit « Bravo, bien joué » lorsque l’un gagne, ou qui dit « Dommage, bien joué, tu as fait au mieux ! » lorsque l’autre perd.

J’ai assisté à tout cela, avec bonheur, tout en ayant le sentiment que ce n’était pas un match comme les autres ; ou tout simplement un match sans le Chef… J’ai voulu en savoir plus, comprendre comment chacun avait appréhendé sa partie, appliqué les consignes du Chef, …

Girondine joue très bien l’ouverture, en appliquant les consignes du Chef à la lettre : « Après un début bien maîtrisé, je me suis retrouvée dans une position plutôt calme. J’ai cherché à me souvenir de la stratégie gagnante du Chef mais j’ai du me tromper quelque part. Mon adversaire a pris peu à peu l’ascendant et j’ai dû rendre les armes ».

Houdini joue comme par magie… Il n’a pas besoin de se rappeler par cœur les consignes du Chef : « J’ai très vite pris l’initiative après un début plus que timide de mon adversaire. J’ai ouvert les lignes et lancé une forte attaque sur son Roi, contraint de rester au centre. Et tout ça en mettant mon adversaire en Zeitnot, je crois que le Chef sera content ! »

Le Diplomate entame le parcours du combattant… Comme à son habitude, il donne un pion, un « Gambit » si j’ai bien compris : « D’après le Chef, dans l’univers des gambits, seul le Gambit Roi est correct. Un grand débat, passons ! Pour une fois, j’ai décidé d’appliquer la consigne à la lettre, j’ai joué vite et bien. Enfin, jusqu’au moment critique. Intuitivement, je sentais qu’il fallait sacrifier la qualité, mais j’ai pensé que c’était risqué à ce moment du match où rien n’était joué. Impossible alors de me souvenir des bonnes pratiques du Chef dans ce type de situation, si bien que j’en ai oublié la consigne, que je me suis retrouvé à court de temps et que mon adversaire a fini par placer une combinaison gagnante… »

El Presidente a la lourde responsabilité d’assumer le rôle de capitaine, en l’absence du Chef : « Aujourd’hui, je remplace le Chef. En même temps que je joue ma partie, je suis attentivement le déroulement des autres parties. C’est une sorte de voyage à travers l’Europe : les pays scandinaves, la Sicile et les pays de l’Est. Ah oui, ma partie, elle se passe sur les terrains écossais, je maîtrise les différents stades de la partie et je finis par concrétiser en appliquant les techniques du Chef, celles qu’il veut bien partager avec nous les soirs de GTB, une tisane de houblon à la main… »

Smatiov m’a raconté une histoire de dragon et de développement accéléré, je n’ai pas tout compris… « Le principe est assez simple, tu fais croire à ton adversaire que tu vas jouer la variante classique, et à un moment donné tu gagnes un temps. Bon, tout compte fait, la partie ne fut pas simple pour autant. J’ai finit par pendre l’avantage et je n’ai rien lâché jusqu’au bout. »

Le Panda entre timidement dans sa partie et laisse l’initiative à son adversaire : « J’avais une position inférieure à la sortie de l’ouverture. Je me suis alors souvenu du soir où le Chef avait commenté quelques-unes de ses plus belles parties. J’ai trouvé l’inspiration, j’ai puisé dans mes ressources pour revenir dans la partie et j’ai réussi à placer une combinaison d’échec perpétuel. »

Le chirurgien laisse son adversaire occuper le centre dans l’ouverture pour mieux contre-attaquer : « J’apprécie ces positions où je me développe rapidement et où je contrôle le centre à distance. Ensuite, il y a un moment critique, celui où … En fait, impossible de me souvenir du plan que le Chef m’avait montré quelques jours plus tôt. J’ai du prendre trop de risques et je me suis retrouvé dans une situation délicate. J’avais une combinaison d’échec perpétuel, j’ai essayé de trouver mieux pour que l’équipe recolle au score. En vain. »

Lucky-Lucke part très vite à la poursuite de la Dame adverse, aux 4 coins de l’échiquier. « J’ai imaginé tous les plans possibles pour la capturer. A un moment donné, je me suis retrouvé en manque d’inspiration. Habituellement, je croise le regard du Chef et me voilà remobilisé ! Mais là, comment faire sans le Chef ? J’ai finis par me tromper dans mes calculs, j’ai bien résisté mais point de miracle. »

J’avoue ne pas tout avoir compris de ces témoignages authentiques, sitôt le match terminé. Je crois que si je fais les comptes, l’Echiquier du lac a perdu 4-3. Mais l’important n’est pas là, vous l’aurez compris !

2 commentaires.

  1. Merci Emmanuel. C’est jamais évident d’écrire le compte-rendu après une défaite.

  2. Merci Manu !
    Chouette CR, mais que la vie est dure sans le Chef !

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