Attention : le club a déménagé au 55 avenue Kellermann à Saint-Gratien !

[N3] Ronde 4 : sans la manière.

Ne pouvant plus supporter la tension, la mine renfrognée, je déambule dans les couloirs de l’espace Icare à Issy-les-Moulineaux. Monsieur Marchand m’interpelle : « Il est où Laurent ? Avec Laurent vous auriez gagné facilement. » Je grommelle quelques « pas dispo… Enfin si, mais non… » quasi-inaudibles puis retourne dans la salle de jeu. En plus de ses nombreuses autres qualités, monsieur Marchand a du tact. Dans certains autres clubs, j’aurais pu entendre « vous êtes mal barrés, on dirait » – sourire narquois inclus, voire « c’est bien parti pour qu’on vous mette une tôle » mais monsieur Marchand ne se permettrait jamais ce genre de saillies vulgaires, et, avec sa longue expérience, il connait les histoires d’ours et de peau.

Sur les trois échiquiers restants, la situation est inchangée : Antoine a toujours sa pièce de plus et semble toujours avoir toutes les peines du monde à concrétiser cet avantage, sa tête des mauvais jours semblant signifier tour à tour « j’vais pas arriver à la gagner… je calcule comme une chèvre aujourd’hui… surtout pas de finale tour et fou contre tour… ». Réda et son adversaire n’ont plus que quelques minutes à disposition pour essayer de maîtriser les complications d’une position où chacun dispose encore au cinquantième coup de sept de ses huit pièces originelles, d’une foule de pions et d’un roi en danger. Quant à la tour d’Abdelkader, on sait pas trop qu’en penser : s’est-elle infiltrée de façon décisive au cœur de la position adverse ou est-elle complètement enfermée et, de surcroit, sous la menace d’une découverte mortelle ?

Nouveau coup d’œil nerveux à la feuille de match – que je connais pourtant par cœur : nous sommes toujours menés 2-1. Comment en sommes-nous arrivés là ? Avec un peu de chance !

Un peu plus tôt Alain avait découvert à ses dépens le concept de mauvais fou. Comme il faisait peine à voir son pauvre fou blanc bloqué par la longue barrière de ses propres pions. Mais son adversaire refusa à plusieurs occasions de sacrifier une pièce pour deux pions que le malheureux fou aurait été bien incapable de stopper. Après ces occasions ratées, les deux joueurs convinrent de la nulle.
Issy 0 – Enghien 0

Emmanuel était bien triste après sa gaffe, rare à ce niveau. Croyant administrer un mat, il voyait le roi de son adversaire fuir en prenant une pièce. Pourtant après seulement une dizaine de coups, je pensais bien que la partie allait être rondement expédiée : roi adverse déroqué, avantage de développement, lignes ouvertes, Emmanuel était dans son élément. Mais son adversaire se défendit avec précision et bientôt la position, même si toujours complexe, devint plus équilibrée. Jusqu’à la gaffe…
Issy 1 – Enghien 0

Wing-Hing a complètement raté son début. Après avoir perdu un pion dans l’ouverture, il a été plus ou moins obligé de roquer « côté cimetière ». Mais il a continué de poser des problèmes difficiles à son adversaire, retardant chaque fois l’exécution. Son opiniâtreté finit par porter ses fruits, en annulant la finale malgré le déficit matériel.
Issy 1 – Enghien 0

Benoît a lui aussi gagné un pion dans l’ouverture. Avec patience, il a déjoué les quelques pièges tendus, activé peu à peu ses pièces pour concrétiser son petit avantage matériel en finale.
Issy 1 – Enghien 1

Pour son premier match avec nous, Mokhtar était opposé à un vétéran francilien bien connu qui avait, comme l’indiqua André Marchand en début de ronde, battu Petrossian en simultanée. (bel exploit mais ça ne nous rajeunit pas !) Mokthar obtint rapidement une position très confortable puis sacrifia une qualité pour une attaque irrésistible. Hélas, il perdit peu à peu le fil de la position en tentant de contrer les menaces parfois illusoires de son adversaire. Après avoir loupé une jolie « petite combinaison » qui lui aurait permis de l’emporter, il finit par s’incliner.
Issy 2 – Enghien 1

Ainsi, après plus de quatre heures de jeu, nous sommes menés 2-1, score tout-à-fait juste même si les résultats n’ont pas tous été distribués aux échiquiers qui le méritait.

Nouveau coup d’œil au premier échiquier : après avoir, comme d’habitude, refusé d’évité les grosses complications, Antoine avait laissé son adversaire sacrifier une pièce sur son roque pour une attaque redoutable. Sa défense « positionnelle active » lui avait permis de repousser l’assaut adverse.
Malgré la défense tenace de son adversaire et après quelques tergiversations mentionnées plus haut, Antoine parvient enfin à faire valoir sa pièce de plus
Issy 2 – Enghien 2

Premier soupir de soulagement et début d’ébauche de soupçon de sourire dans les rangs enghiennois (sauf chez l’insouciant Wing-Hing parti faire des blitz avec son adversaire).

Chez Réda, le KO approche, c’est évident. Le roi blanc est dans les courants d’air, le roi noir dans un réseau de mat. Les secondes s’égrènent inexorablement. L’un des joueurs va craquer. Comme Réda attend que sa pendule affiche 0.02 avant de jouer, je n’en peux plus et sort quelques instants respirer l’air frais du début de soirée.

A mon retour, la situation est inchangée. En revanche Abdelkader prends des trop gros risques à mon goût. Tandis que je grimace, Emmanuel me rassure en me murmurant à l’oreille un coup qui semble gagnant. Après une bien longue réflexion, Kader le joue enfin. Son adversaire choisit la ligne de plus grande résistance. Il y a encore du travail à faire.
Soudain, l’adversaire de Réda commet la faute irréparable immédiatement sanctionnée.
Issy 2 – Enghien 3

Abdelkader trouve enfin le regroupement qui lui permet de conclure. Il déjoue la dernière tentative de son adversaire et obtient un avantage décisif.
Issy 2 – Enghien 4

Une victoire sans la manière et dans la douleur, mais une victoire tout de même. Elle nous permet de rester en tête de la poule à égalité avec nos voisins d’Ecouen.

5 commentaires.

  1. Merci Chef pour ce compte rendu fidèle ! Mes expressions faciales n’ont pas de secret pour vous :)

  2. C’est le résultat qui compte 😉

  3. Une victoire difficile, mais une victoire quand même !
    Bravo !

  4. La montée en division supérieure avec douleur a meilleur goût que celle sans douleur.

    (Je prédis la montée :))

  5. T’as pas lu l’intro et “les histoires d’ours et de peau” Kader ?

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