Attention : le club a déménagé au 55 avenue Kellermann à Saint-Gratien !

[N3] R5 : Finale élémentaire.

« Et zut* ! J’ai oublié ça. Bon. Pas de panique… Je devrais m’en souvenir, même si je n’en ai pas joué depuis… (Est-ce que j’en ai déjà joué en fait ?) Concentre-toi Benoît. 67e coup j’ai jusqu’au 117, 117-80 = 37, (petite marque sur la seconde feuille de partie obligeamment fournie par l’arbitre) et j’ai encore tout mon temps**. Avec les trente secondes ça devrait largement aller. »

Le Capitaine saura-t-il mater avec fou et cavalier contre roi dépouillé ? Ou devra-t-il sortir de la salle sous les quolibets de ses adversaires et les regards désapprobateurs de ses partenaires ? Jouera-t-il mieux que les grand maîtres [censuré], [censuré] ou [censuré] ou fera-t-il honte à Alain Villeneuve ?
Vous le saurez en cliquant sur « Lire la suite… » !

Remarque liminaire :
Ami lecteur, toi qui est assidu et qui lit avec attention tous les comptes rendus de match, tu as sans doute remarqué une différence entre ceux des matches à domicile et les rencontres à l’extérieur. Les premiers sont, le plus souvent, agrémentés de nombreux diagrammes des moments clé des différentes parties, à l’inverse des seconds. La raison en est simple : le club qui reçoit conserve les feuilles de partie. Ainsi le rédacteur des comptes rendus des matches à domicile peut s’appuyer (parfois avec difficulté ) sur les feuilles de partie. Ce ne sera pas le cas pour cette cinquième ronde, nous nous déplaçons au Vésinet.

Commençons par le commencement :
Réda attend sur le trottoir lorsque Laurent et Olivier s’extraient de ma luxueuse limousine sur le parking de la gare du Vésinet. Un bref coup d’œil à l’appareil chéri par Joseph Longtarin m’indique qu’il n’est pas nécessaire de sortir mon porte-monnaie.
Première cigarette.
Olivier prévient Laurent que Le Vésinet a réalisé 100% au quatrième échiquier (NdR : Et aussi au troisième !)
– Laurent : « Mais je suis au cinquième. N’est-ce pas Chef ? » J’opine.
– Olivier : « Ah oui. C’est moi au quatrième. Bon. Faisons baisser ce pourcentage… »

Charlie et Alain K. nous ont bientôt rejoint et tous de regretter d’être obligé de jouer un jour de finale (Federer – Nadal pour les uns, championnat du monde de handball pour les autres). Je suggère de proposer à nos adversaires que nous gagnions le match 1-0 pour rentrer à l’heure. Toujours prêt à aider, Réda se porte volontaire pour remporter la partie nécessaire.

Emmanuel puis Alain V. arrivent bientôt, nous entrons en force dans la « maison du combattant ».

La lecture de la feuille de match indique que nous sommes plus ou moins légèrement favoris sur tous les échiquiers.

Je m’assieds assez inquiet : un demi-point sur quatre montre ma grande forme du moment.
« Quel début choisir ? Alekhine ? Dragon ? Française ? Ou bien tester la Najdorf, le dernier cours d’Olivier Renet m’ayant donné envie ? J’exagère : ne pas avoir décidé avant la partie n’est pas très professionnel. » Mon adversaire interrompt l’introspection en poussant le pion dame. « Est-indienne ? Vautour ? Hollandaise ? Va pour la hollandaise ! » Je fais semblant de jouer une stonewall, mon adversaire, qui doit connaître un peu, sort son cavalier en h3. Et hop je joue une classique ! « Hé ! Hé ! Merci Antoine. »

Rapide coup d’œil aux échiquiers voisins : Najdorf grande ligne à gauche (Laurent) et Maroczy à droite (Alain K. qui a dû apprécier le cours de vendredi soir).

Je gagne un bel avantage d’espace (le cavalier en h3 s’interroge sur son avenir), permet un précoce échange des dames (une multitude de gaffes potentielles en moins) et, satisfait, m’autorise une courte sortie nicotine.

Retour rapide pour jeter un œil sur les autres échiquiers : partie du pion dame (slave ? semi-slave ? gambit dame ?) aux deux premiers (je ne comprends pas tout – ça se saurait – mais ça semble égal. Et je fais une totale confiance à mes équipiers). Un dragon chez Réda et une Pirc pour Emmanuel. « Ah ! Mon adversaire a joué… Hum ! Ça fait des trous ça. Doit y avoir moyen de les exploiter… »
Longue réflexion pour peser l’alternative : exploitation immédiate ou augmentation préalable de la restriction de mouvement adverse.

« Bon ! Mon adversaire a un gruyère à l’aile dame et un embouteillage à l’aile roi, je dois être mieux. »

Nouveau coup d’œil aux voisins : Najdorf très classique avec attaque à l’aile roi des blancs et à l’aile dame des noirs (qui est aussi une « aile roi » après le grand roque de Laurent). J’ai confiance : c’est le genre de position que le panda affectionne. Et chez Lucky Luke ? « Aïe ! Ne pas oublier de dire à Alain qu’on n’échange jamais le cavalier d4 contre le cavalier c6 dans la sicilienne. »

« Trop secs mes Chamonix-orange. Faut pas les garder pour le match suivant. Un p’tit coca pour faire passer ça. Et restons concentré, y’a encore du boulot. »

« Ouaip ! Je rentre la tour en septième et je gagne b2 et le reste n’est plus qu’une question de technique… Oups ! ça perd la qualité. Bon. Trouvons autre chose. Le sacrifice en a3 ? Un peu de sérieux. Tu ne vas pas gâcher une belle position. Continuons l’étouffement plutôt. Ça finira bien par craquer. Allons voir les autres. »

Alain (le Prof) a cédé la paire de fous, mais sa position est sans faiblesse.
La position de Charlie est très fermée, il commence à monter son attaque à l’aile dame, tandis que son adversaire prépare un assaut à l’aile roi.
Après quelques simplifications Réda a maintenant un excellent dragon : Les blancs n’ont plus d’attaque et leur fou blanc n’est qu’un spectateur qui assiste impuissant à l’augmentation de la pression de Farinov.
L’adversaire d’Emmanuel se défend bien, le Diplomate n’a pas vraiment d’avantage et commence à manquer de temps.
La position d’Olivier n’est pas très confortable (euphémisme). Mais, cette saison, il a déjà sauvé des poubelles bien pires…
La Najdorf de Laurent commence à être tendue. Chacun des adversaires se lance à l’assaut du roi ennemi.
Je me rassieds à ma place. Rapide coup d’œil à ma droite : « Et voilà. Comment va-t-il se dépêtrer de ce cavalier en d4 maintenant ? »

Ma position s’améliore petit à petit « Voilà ! Un pion et la domination totale du centre. Pas de trop de retard à la pendule. Ça commence à sentir bon. »

À ma gauche, le combat fait rage : un pseudo-sacrifice de cavalier sur le roi de Laurent gagne un pion mais perd un temps décisif. Le Panda conclut par un joli n Th8+ Rxh8 n+1 Th1+ Rg8 n+2 Dh7+ Rf8 n+3 Dh8 #

EdL 1-0 Le Vésinet.

« Ça commence bien. mais restons concentré. Et flute* ! Il peut sacrifier une pièce pour trois pions pour tenter de se libérer. Je n’aurais jamais dû lui permettre ça… Bien sûr il l’a vu. »
Une nouvelle partie commence.

Gaffe de l’adversaire de Réda dans une position déjà compromise : le fou muselé est escamoté.

EdL 2-0 Le Vésinet.

« Bon : mon roi est actif, j’ai récupéré un pion mais maintenant attention : j’ai le mauvais fou pour mon pion h. Pas de zeitnot c’est déjà ça. »

Je me prépare à aller jeter un nouveau coup d’œil aux autres échiquiers. Emmanuel s’excuse : « Désolé Chef, j’ai fait nulle sans te demander ton avis mais je commençais à être mal au temps et n’avais aucun avantage. » Je le rassure et l’autorise à prendre un chamonix orange.

EdL 2-0 Le Vésinet.

Au premier échiquier, Alain a gagné un demi-pion. Il ne peut plus perdre, mais probablement pas gagner non plus.

Au deuxième Charlie est en train de se prendre l’attaque de la mort qui tue : sacrifice de fou (faîtes vous la main : une étoile, cinq secondes, un point) puis libération de la diagonale blanche et gain de la dame et mat en prime.

EdL 2-1 Le Vésinet.

Olivier résiste encore mais joue sur les trente secondes de l’incrément depuis quelques temps déjà.

Coup d’œil à ma droite avant de me rassoir : « Tiens ? Il est passé où le cavalier d4. Et un pion de surcroît ! Quel tour de passe-passe nous a encore fait Alain ? »

Je crois que j’ai réussi à investir sa pseudo forteresse mais non. Ce n’est pas encore gagné.

Léger remue-ménage au premier échiquier. L’adversaire d’Alain a lui aussi gaffé et abandonné sur le champ.

EdL 3-1 Le Vésinet.

Les évènements commence à prendre une bonne tournure.

Pas si sûr : dans le zeitnot d’Olivier tout peut encore arriver, et s’il a toujours un bon pion de plus, Alain a aussi un roi dans les courants d’air poursuivi par les assiduités des pièces lourdes adverses.

« Bon. Il faut envisager la possibilité de proposer nulle avec ma pièce de plus pour gagner le match. Pas cool. (pensée compatissante à Alain Viot à qui j’ai posé le même dilemme à la troisième ronde) »

La fumée du zeitnot se dissipe et, malgré son pion de moins, Olivier est probablement un peu mieux. Après une longue réflexion, il accepte la proposition de nulle afin de ne pas tenter le diable.

EdL 3-1 Le Vésinet.

Après l’échange de nos pions h respectifs plus de risque de finale avec le mauvais fou.
« Je vais gagner son pion e, son pion a est sous contrôle et mon pion d va faire la différence. Pas besoin de proposer nulle. »

D’autant moins besoin que le roi d’Alain a réussi à fuir la multitude d’échecs. Ce qui n’est pas le cas de son homologue pris dans un réseau de mat.

EdL 4-1 Le Vésinet.

« Le match est gagné, je peux jouer sans pression. Mais que fait-il ? Pourquoi me donne-t-il le pion sans combat ? Et zut ! J’ai oublié ça. Bon. Pas de panique… Je devrais m’en souvenir, même si je n’en ai pas joué depuis… (Est-ce que j’en ai déjà joué en fait ?) Concentre-toi Benoît. 67e coup j’ai jusqu’au 117, 117-80 = 37, (petite marque sur la seconde feuille de partie obligeamment fournie par l’arbitre) et j’ai encore tout mon temps. Avec les trente secondes ça devrait largement aller. »

Quelques minutes de réflexion pour me remémorer la méthode.

« Ah ? Monsieur fonce directement vers le « mauvais » coin. Bon. C’est toujours ça de gagné. »

Le roi noir glisse avec grâce sur la troisième rangée, le cavalier virevoltant au-dessus de lui. De temps à autre, le fou intervient avec autorité. Inexorablement, le roi blanc est repoussé vers l’angle opposé de l’échiquier et son funeste destin.

EdL 5-1 Le Vésinet.

9 commentaires.

  1. * J’ai probablement utilisé une expression plus… napoléonienne.
    ** sic

  2. Comme si on y était.

    Bravo à toi pour le mat F et C dans les règles de l’art, je n’aurais pas été sûr de m’en souvenir sans perdre de tempos.

    Heureusement, jusqu’ici, les poubelles ne se perdent pas, elles se sauvent !

    “le gangster” (l’éboueur serait plus juste cette année, mais je préfère le premier)
    :)

  3. Merci Chef pour ce CR, c’est comme si j’y étais ! Bravo pour la finale technique, et à toute l’équipe pour cette belle prestation collective !

  4. Maintenant on attend le compte-rendu de Wijk aan Zee 😉

  5. Il est fort votre Chef.

  6. Ouais, il est fort le Chef, mais par contre, le choix des chamonix-orange est à revoir….
    :)

  7. Bravo Monsieur !

  8. C’est vrai Chef, on attend le CR de Wijk aan Zee

  9. Faut-il comprendre que quand on fait nulle, on peut déguster un Chamonix orange ?

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