Le compte-rendu d’Olivier

Benoît nous a récemment dévoilé le double sortilège dont est l’objet notre équipe lors des matches du vendredi – cf CR ici. Cette puissante magie nous interdit tant les victoires que les défaites et depuis quatre rondes, produit ses effets avec insistance… Rien que des matches nuls !

Par ailleurs, la semaine dernière en N2 contre Franconville – cf le compte rendu millimétré du Kptain – nous menions 3–1 avec seulement deux parties restantes. Par malheur nos valeureux adversaires ont réussi à marquer sur le fil les deux derniers points pour eux salvateurs.

Il se trouve que le même scénario s’était déjà produit dans notre rencontre précédente contre les mêmes adversaires 3-1 pour nous, et finalement 3-3 ! De là à imaginer qu’un autre sortilège nous interdisant la victoire contre les Franconvillois a été sur nous jeté par la vilaine sorcière, il n’y a qu’un pas.

Une malédiction avec Franconville, une autre sur les matches du vendredi, c’est déjà lourd à porter ;
Alors imaginez que nous rencontrions Franconville en championnat du vendredi !!

Impossible d’échapper à la puissance cumulée des oracles !

Par conséquent, c’était un jeu d’enfant magicien de prévoir que nous mènerions 2-0 avant de nous faire remonter à 2-2.

Pour l’occasion, Benoît avait sélectionné deux vieux briscards (votre serviteur et lui même), au cuir résistant à la magie (oh, les présomptueux !) et deux jeunes loups à l’Elo d’agneau non classés, innocents de l’imparable scénario de match déjà écrit en très haut lieu.

Vincent (blancs) joua une ouverture solide, jusqu’à ce qu’AD (1689), son adversaire, consente un affaiblissement décisif de la case e5, immédiatement exploité par l’enghiennois. Plus ou moins forcé de donner la qualité, les noirs, dont le roi était de surcroit sous le feu d’une attaque, rendit bientôt les armes.
Franconville 0 – Enghien 1.

Tout se passait comme prévu…les oracles ne tournèrent même pas la tête vers nous.

Je (blancs) rencontrai NJ (1992), une sympathique vieille connaissance de près de trente ans ! Manifestement pas dans un bon jour, mon adversaire me laissa installer un gênant avant poste et gagner beaucoup d’espace sur l’aile dame. Invité à se recroqueviller dans une défense inconfortable, il commit une erreur et perdit une pièce, puis encore du matériel, et abandonna.
Franconville 0 – Enghien 2.

le destin s’accomplissait tranquillement…les oracles nous adressèrent un sourire bienveillant.

Théo passa sans encombre l’ouverture, un peu à la faveur de la clémence de son adversaire BJ (1654). Ayant roqué « à la main » et besogné pour maintenir l’équilibre, il manqua à son tour l’occasion d’obtenir un gros avantage. Dans la finale de tours équilibrée qui s’ensuivit, il perdit un pion décisif sur une gaffe et arrêta la pendule quelques coups plus tard.
Franconville 1 – Enghien 2.

Et allez donc, la remontada commençait… les oracles se regardèrent avec une moue amusée

Restait donc Benoit (noirs) pour finir la représentation et perdre dans un semblant de suspense.

Subissant une grosse pression centrale de son adversaire TS (1969), il avait donné une qualité pour un pion dans l’espoir d’obtenir un peu d’activité, mais objectivement, sa position restait très difficile, sinon perdante.
Naturellement.

Soudain, il saisit un cavalier et là, un effrayant coup de tonnerre secoua la salle qui fut plongée dans le noir par une coupure momentanée de la lumière !
Il venait de trouver un échec perpétuel duquel son adversaire ne pouvait se soustraire qu’en rendant la qualité, ce que fit celui-ci pour éviter la nulle immédiate synonyme de défaite pour son équipe.

La lumière revenue, la position était équilibrée et éventuellement avantageuse pour lui, mais Benoît endurait à présent les maléfices de la redoutable sorcière ; résistant courageusement à un terrible mal de crâne qui venait de s’emparer de lui, il joua les derniers coups la vue brouillée. Déplaçant lentement ses pièces en cherchant les cases et en renversant des pions au passage, il exhalait des « j’adoube » quasiment inaudibles.

Pourtant il tint bon !

Caïssa s’était sûrement portée à son secours et, au dernier degré de fatigue, il entrouvrit la bouche. Son adversaire tendit une oreille attentive et perçut une proposition de nulle.
Probablement impressionné par l’héroïsme de notre Kptain, il accepta, scellant ainsi la fin du match et surtout, la libération pour l’échiquier du lac de l’emprise des sortilèges !!
Franconville 1 – Enghien 2

Les oracles disparurent dans une colère noire et à la suite à ce combat contre les forces occultes, notre Kptain frôla l’évanouissement.
Impossible de savoir s’il pourrait honorer son engagement en coupe de France le surlendemain.
Nous le reconduisîmes chez lui avec tous les égards dus à son rang et à son courage.

Nul doute que les méchantes sorcières tenteront à nouveau de s’amuser à nos dépends…
Mais désormais, nous les attendons de pied ferme !

Montjoie Saint Denis !!