Le Compte-rendu du capitaine Olivier B.

L’échiquier du lac est un club de tous les extrêmes, le creuset à l’origine des plus folles expériences que peuvent procurer ce sport de tous les dangers : les échecs. À ma gauche, une équipe de Nationale 2 KO debout après de multiples matchs perdus d’un cheveu de votre serviteur, déjà dégarni à cœur. À ma droite, la très haute et sainte poule du championnat du val d’Oise du vendredi que nous venons de remporter. J’ai découvert avec plaisir cette compétition cette année, après avoir officié il y a 2 décennies de cela dans les championnats FSGT du vendredi soir avec Alain. Mais malgré parfois un écart au classement sur le papier, les matchs ont toujours été serrés. Les adversaires viennent avec le couteau entre les dents, et je ne sais pas si je parviendrai un jour à dompter cette cadence de 1h + 30 secondes par coup. Enfin le format à 4 échiquiers rend le moindre faux pas préjudiciable pour l’issue de la rencontre.

La dernière partie tint place dans une charmante MJC de Cergy. Je jouais avec les noirs une partie très instructive. Je fis rapidement le très mauvais choix stratégique de fermer le centre dans de mauvaises conditions : les blancs avaient les mains libres pour lancer l’assaut sur le roi noir. Par chance j’obtins une position encore jouable en n’y laissant qu’une qualité. Et alors, habité par le désespoir de ceux qui n’ont plus rien à perdre, je lâchais les chevaux en jouant vite. Jusqu’à ce que l’un d’entre eux goûta une fourchette bienvenue et conquis la dame blanche pour son diner. Le scénario ne restera pas dans les annales, j’y ai appris une bonne leçon.

Pendant ce temps, Laurent.
L’ellipse est ontologiquement de rigueur désormais avec Laurent. Mais pour les visiteurs de passage, il suffit de dire que Laurent gagne. Parfois le chemin est tortueux. Ici il fut rectiligne et sans fioriture, tant les marécages tactiques du milieu de jeu sont son palais.

Christian joua une partie très intéressante qui l’amena dans une finale tour + plusieurs pions isolés contre fou et cavalier et quelques pions également. Il fut toutefois pris dans un zeitnot frustrant, alors que cette finale méritait toutes les attentions d’un fin gourmet. Et les deux pièces parvinrent de conserve à accompagner un pion jusqu’à bon port, signant la première défaite de l’équipe.

Il ne restait plus que la mélasse du chef comme digestif. La position faisait peine à voir, toute embourbée, avec des pions doublés fixés partout, des fous sur la première rangée tapant dans le granit tel des bagnards guettant la poussée de pion libératrice comme on entraperçoit un coin de ciel bleu au loin. Et le roi blanc développa un ulcère en une demi-heure à peine, il fallut lâcher les pions et la tour qui le protégeaient et s’enfuir la queue basse pour espérer un sursis. Mais un acteur manque pour finir de dépeindre ce noir tableau : un cavalier desperado certainement sous influence de substances illicites, qui ne cessait de faire des allers et venues sur tous les coins de l’échiquier, et qui chatouilla le roi noir. Au point que la répétition de coups fut accordée par son adversaire en crise de temps (et de foi), qui ne réussit jamais à concrétiser son (très) large avantage.

C’est ce dernier résultat qui nous permit de remporter la rencontre, et de terminer seul premier du championnat, talonné par Franconville.