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[Interclubs N3 ronde 2] : Un match placé sous le signe de la bienveillance.

En ces temps troublés, il est rassurant de voir que la bienveillance n’a pas déserté notre monde.
Tout au moins notre petit monde des soixante-quatre cases.
Notre rencontre d’interclubs de ce dimanche contre la sympathique équipe du Vésinet en est un récent témoignage.
Aussi, ce compte-rendu sera placé lui aussi placé sous le signe de la bienveillance.

Avant même le premier mouvement de pion, David, ayant eu vent du désir de Serge de participer à ce match, proposa de se retirer pour lui laisser sa place.

Reconnaissant, Serge eu à cœur d’offrir à ses partenaires une prestation artistique de qualité. Il en offrit justement une (qualité) mais seulement après avoir osé la charmante manœuvre Rg7, Th8, Rg8, Tf8.
Avec bienveillance, son adversaire abrégea la crise de claustrophobie du roi de notre ancien président.

Emmanuel égalisa rapidement.
L’ouverture de la partie fut tendue mais Emmanuel pris peu à peu l’ascendant. Les deux joueurs furent bientôt en crise de temps. Et pour récompenser Emmanuel d’être arrivé pour la première fois avant le début de la ronde, évitant ainsi d’inquiéter son capitaine, il consentit un joli mat plutôt que de perdre plus prosaïquement du gros matériel voire au temps.

La bienveillance fut aussi de mise au premier échiquier, où notre autre ancien président permit à notre équipe de prendre l’avantage.
Son adversaire aurait entendu qu’Antoine avait dû se lever à l’aube à cause du réveil matutinal de ses enfants en bas âge. Afin de ne pas profiter de son manque de sommeil et aussi de le laisser gagner pour que les bébés soient fiers de leur papa, il joua quelques coups inférieurs.
Ne vous méprenez pas : il ne s’agissait pas de fautes grossières que même votre serviteur aurait remarqué. Non. Non. Il s’agissait de subtiles imprécisions dont Antoine tira profit par la rare précision de ses réponses.

Aux échiquiers six et sept la fougue de la jeunesse n’empêcha pas la gentillesse.
J’ai cru comprendre que Nathan et Paul s’étaient coordonnés avant le match pour décider lequel des deux laisserait gagner son adversaire. Il semble que ce fut Nathan qui se sacrifia en remportant sa partie.
On notera que son adversaire a, comme Serge, proposé une charmante manœuvre digne d’une étude : Fa8 suivi le coup suivant de Cb7.

Il faut féliciter Paul qui, après plusieurs victoires contre son adversaire lors de diverses compétitions jeunes, a jugé bon de lui laisser cette fois-ci le gain.
Paul ménagea le suspense quelques temps en simulant une attaque sur le roque adverse mais s’inclina après le contrôle de temps.
Il faut aussi noter son hommage rendu à notre président malheureusement absent lors de cette rencontre.
Ne pouvant jouer ses inimitables ouvertures, Paul a choisi de couvrir sa feuille de partie des mêmes hiéroglyphes incompréhensibles qu’utilise habituellement Alain.

À ce moment, avec le score de 3 à 1 en notre faveur, en capitaine avisé, je suggérais à Abdelkader de proposer le partage du point.
En effet, les résultats des deux autres parties restantes ne faisaient alors plus aucun doute et cette éventuelle partie nulle aurait assuré la victoire enghiennoise.

Après cette suggestion, la nulle fut rapidement conclue.
Et ce ne fut que justice tant les deux adversaires – je dirais plutôt partenaires – avaient fait assaut d’amabilité jusqu’à présent.
Aucun des deux joueurs n’avait cherché à esquisser la moindre volonté de tenter de prendre l’avantage : début inoffensif, structure de pions symétrique, échanges de toute pièce qui aurait pu éventuellement créer une potentielle menace.

Dès lors je pouvais sereinement féliciter mon adversaire.
Et ma partie put alors être qualifiée de partie la plus bienveillante de ce match.
Tout d’abord, j’ai offert une chaleureuse hospitalité aux cavaliers adverses.
Mais ce fut mon adversaire qui fit le plus beau cadeau de toute la rencontre : ne souhaitant pas que je fusse victime des quolibets de mes partenaires ou que je me morfondisse dans le dépit dû à une bévue gravissime, il refusa d’administrer le mat en un coup que j’avais oublié.

Quelques minutes plus tard, l’adversaire de Laurent choisit d’abandonner.
Pendant longtemps un spectateur inattentif aurait pu croire à une partie jouée entre deux amis de longue date lors de la dernière ronde d’un open alors qu’aucun ne peut briguer de récompense : les deux joueurs refusèrent systématiquement de prendre l’avantage lorsque l’occasion se présentait.
Mais l’adversaire de Laurent se rappela que, si son équipe s’était renforcée depuis la ronde précédente, sa moyenne Elo restait très légèrement inférieure à la nôtre. Alors, afin que la logique sportive soit respectée, il commit une petite faute pour nous laisser remporter une très courte victoire conforme au très léger écart de force respective de nos équipes.

Ainsi l’échiquier du lac remporta la rencontre sur le score final de quatre à trois et peut continuer d’espérer se maintenir en nationale trois.

Je remercie donc mes équipiers et nos partenaires et amis du club du Vésinet pour cette rencontre placée, comme vous avez pu le constater, sous le signe de la bienveillance.

P.S. Vous pouvez aussi consulter le compte-rendu (presque qu’aussi objectif et abondamment illustré) du capitaine adverse sur le site du club du Vésinet ici : N3 / ronde 2: le billet de Guillaume

3 commentaires.

  1. Excellent Kptain, un autre CR mémorable à ton palmarès !!

    En m’inspirant de Grischuk, qui amusait la galerie en disant de Svidler qu’il consacrait tout le temps de sa partie à se demander ce qu’il dirait en conférence de presse, je me demande si parfois, tu ne passes pas plus de temps pendant ta partie à trouver les formules de tes CR, qu’à calculer des variantes :)

  2. 😉

    Je ne vais pas nier qu’il m’arrive parfois de penser au CR durant la partie mais c’est très rare.

    Quoique tu me donnes une excellente excuse en cas de défaite.

  3. 😀

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