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[Interclubs N3 ronde 4] : Le Roi de l’hypnose.

le compte rendu d’Olivier R.

Encore abasourdis par notre courte mais cruelle défaite face à Senlis (cf. CR précédent [- Hum… Hum…]*) nous repartîmes le lendemain affronter Carrières, qui avait subi la veille une déroute sur un score cuisant.
Ce sont donc deux équipes assoiffées de victoire qui allaient en découdre.

La seule option qui nous permettait de conserver un – petit – espoir de montée en N2 était la victoire.

La feuille de match nous attribuait un confortable avantage général, mais après la contre-performance de la veille où la configuration était à peu près similaire, il convenait de faire preuve de la plus grande humilité.

Nonobstant son absence pour de joyeuses obligations familiales, notre Kptain avait pris soin de nous transmettre en amont la composition millimétrée qu’il avait conçue pour son ost victorieux, assortie de sa réconfortante bénédiction.

Là, je me dois de révéler le secret motif qui m’a conduit à solliciter auprès de lui l’honneur d’apporter une modification à sa sélection et d’intervertir les échiquiers 2 (le mien) et 6 (celui de Nathan) : je ne voulais pour rien au monde manquer l’occasion d’être entouré à gauche de Gégé (7) et à droite d’Alain K. ! (5).
À cette place, me disais-je – d’expérience – c’est le spectacle assuré de part et d’autre, les ouvertures les plus inattendues, les suites de coups les plus rapides, les retournements les plus imprévisibles. Bref l’adrénaline à l’état pur ! Cardiaques s’abstenir, certificat médical obligatoire !

Et en effet, dès le début du match lancé par Laurent, le temps pour moi de finir de remplir l’en-tête de ma feuille de partie, Gégé et Alain en étaient au dixième coup, leur adversaire respectif n’étant pas en reste.
Je me concentrai sur ma partie, pour laquelle j’avais choisi une ouverture susceptible de compliquer un peu le jeu. Las, je choisi maladroitement une suite d’apparence compliquée, mais qui permit à mon adversaire d’obtenir une structure de pions symétriques et une position sans danger pour lui.
Je me voyais ramer longtemps et tristement avant – peut-être – d’obtenir quelque chose de tangible.

RD – Victor (échiquier 8)
Pour sa première au sein de notre équipe, Victor joua une ouverture solide et appliquée, mais improvisa bientôt un grand roque prêt à devenir une cible de choix pour son adversaire. Celui-ci ne manqua pas l’occasion de l’affaiblir, puis de gagner du matériel.
Soumis à l’attaque et en important sous-effectif de pièces, le jeune Enghiennois abandonna.
Carrières 1 – EDL 0

Gégé – JJ (7)
Fidèle à son habitude, Gégé avait donc démarré en trombe et jouait avec son adversaire une partie assez calme et peu propice aux escarmouches tactiques. Le spectacle pour lequel j’avais préparé mes pop-corn était reporté mais en lieu et place, une partie très solide de l’Enghiennoise, qui proposa lucidement à son adversaire le partage du point dans une finale de cavaliers égale. Sur le moment, j’étais persuadé qu’elle avait proposé nulle dans une position avantageuse, mais non, l’ordi me confirma le bien-fondé de son jugement !
Carrières 1 – EDL 0

YP – Nathan (2)
Confronté à une ouverture qu’il joue rarement, Nathan pris beaucoup de temps pour improviser une suite qui, si l’on en jugeait par les cadrans de la pendule, faisait clairement partie du répertoire de son adversaire !
Nathan invita celui-ci à lui dégrader sa structure de pions en échange de la paire de fous et d’un peu de mouvement, mais les blancs, d’humeur extrêmement prudente, préférèrent éviter toute complication et conserver leur position confortable.
Ce calcul semblait porter ses fruits mais, soumis à une certaine pression positionnelle et à celle de la pendule, Nathan réussit à simplifier pour entrer dans une finale de tours et pièce mineure avec un pion passé chacun, que son adversaire choisit d’aplanir. Proposition de nulle acceptée par l’Enghiennois.
Carrières 1 – EDL 0

Une bonne opération au deuxième échiquier, pensai-je, mais le score était à notre désavantage, et je ne voyais aucun motif particulier d’optimisme sur les parties restantes… Le ciel s’assombrissait lentement, mais sûrement :

– Paul avait créé un pion passé central, mais fermement bloqué par les noirs, de sorte que je ne voyais pas de chemin évident pour créer un avantage.

– Alain avait envoyé dans l’ouverture un gambit de pion express, mais l’activité qu’il en avait tiré avait été rapidement anesthésiée par son jeune adversaire qui disposait maintenant du pion de plus, de deux pions passés centraux et d’une meilleure activité pour ses pièces. Tout cela ne sentait pas bon. Défaite en vue.

– Laurent avait lui un pion isolé passé central, bien contrôlé par les blancs. La position me semblait égale, ouverte, mais avec peu de possibilités tactiques stimulantes pour mon coéquipier.

– Kader et son adversaire s’observaient dans un milieu de jeu fermé à tel point que le premier échange de pion n’avait eu lieu qu’au au 23e coup !

– De mon côté, je m’efforçai de profiter d’un léger avantage d’espace mais ne réussissais qu’à manœuvrer joliment mes pièces pour la photo, sans rien obtenir de concret. Mon adversaire semblait confiant.

Bref, après 3h de jeu, que des nulles et une défaite supplémentaire en perspective. Par conséquent, le reste de l’année à jouer des matches uniquement pour se maintenir, sans espoir de montée. Pffffff !

Nous savons tous que dans un match à cadence classique, les drames se nouent souvent à l’approche et après le contrôle de temps…

Paul – JLM (3)
Massées de part et d’autre sur le pion passé central de Paul, les forces s’étaient décalées sur la case voisine sur laquelle mon coéquipier avait cloué durablement le cavalier adverse. Durablement, mais sans danger immédiat pour les noirs.
De longues manœuvres étaient en perspectives, jusqu’à ce que les noirs, pensant se libérer du clouage par une manœuvre d’échange général, se trompent brutalement dans leur calcul, perdant une pièce et abandonnant dans la foulée.
Carrières 1 – EDL 1

le ciel se dégageait un peu…

FB -– Laurent (4)
Dans un milieu de jeu avec Dame tour et pièce mineure, Laurent fit jaillir la tactique avec un joli sacrifice de tour, mais son adversaire se montra à la hauteur en le refusant.
Après le contrôle de temps, dans une finale de tour, pièce mineure et quatre pions chacun, l’ordi passait (après coup) de -2 à 0 à chaque imprécision de Laurent, qui heureusement ne pouvait plus réellement perdre, sauf catastrophe.
Après l’échange de tours, la finale de fou contre cavalier réservait des montagnes russes encore plus grandes selon l’ordi ! Après une dernière variante gagnante manquée par l’Enghiennois, celui-ci liquida tout et la paix fut conclue !
Carrières 1 – EDL 1

Le Roi de l’hypnose.

Alain K – FL
La position d’Alain se dégradait mais il tenait bon dans cette finale à 4 tours. Les noirs choisirent alors d’échanger leurs deux pions centraux passés contre les mêmes, mais à l’aile dame, tandis qu’Alain bénéficiait d’une majorité 3 contre 2 à l’aile roi.
Bref, il ne restait plus aux noirs qu’à pousser les pions de l’aile dame.

Se sentant probablement rassuré sur l’inexorable issue du combat, le jeune adversaire d’Alain jouait de plus en plus vite et glissait sur sa chaise dans un signe de visible lassitude.
Cependant, les pions noirs n’étaient pas encore en marche, tandis qu’Alain activait gentiment son roi en soutien de sa majorité qui elle, avançait insensiblement.
Celle-ci passa de 3 contre 2 à 2 contre 1 et Alain sacrifia temporairement l’un de ses deux fantassins pour se créer lui aussi un pion passé très avancé, lequel compressait de surcroît le roi noir sur sa première rangée. L’espoir renaissait.

Tourné sur ma droite pour suivre cette fin de partie (sans oublier la mienne, Kptain :-) ), l’évidence m’apparut en direct : Alain était en train d’hypnotiser son adversaire !

Voilà pourquoi celui-ci s’enfonçait dans sa chaise et ne trouvait pas la force d’avancer ses pions de l’aile dame, dont d’ailleurs il ne fut rapidement plus question, et qu’Alain ramassa au fil de ses menaces sur le roi !

Dans la finale de tour et pion très avancé contre tour qui s’ensuivit, j’avais confiance en la mémoire de notre président sur son Villeneuve ou son Dvoretski pour transformer l’essai :-)
Ce qui fut fait à une vitesse qui m’impressionna un peu, je dois dire :-)
Carrières 1 – EDL 2

CP – Olivier (6)
Tandis que je goûtais ce retournement spectaculaire qui se produisait sur ma droite, je commis une irréparable erreur qui eut permis à mon adversaire de gagner fort simplement une pièce, la partie et de relancer son équipe !

Pourtant, ni lui ni moi ne montrâmes de signe d’émotion particulier. Mais oui, pendant la partie, cette très simple suite ne nous apparut ni à l’un ni à l’autre !

C’est ainsi qu’innocents comme des joueurs non cybernétiques, nous échangeâmes les dames, puis les tours. À mon grand bonheur d’ailleurs, compte tenu de la confiance que je plaçais dans la finale de cavalier et pions résultante.
Comme dernière pirouette tactique (bon, en fait, la seule de la partie :-( ), je pris le cavalier que mon adversaire pensait empoisonné et marquais le point qui nous libérait !
Carrières 1 – EDL 3

Kader – PL (1)
Kader pouvait donc terminer tranquillement son étonnante partie !
Au 30ème coup, c’était une finale de dame et 7 pions chacun, que l’ordi s’obstinait à évaluer 0,00.
Et ce, même après que Kader se soit procuré un pion passé a, que les noirs aient fait razzia sur les pions de l’aile roi et que le roi blanc fut exposé à tous les vents.
Pour un joueur humain, la position était très difficile à juger et ne dépendait que du calcul de longues et inaccessibles variantes. L’une de celles-ci accorde +3 aux blancs mais la suite humaine choisie par Kader permit à son adversaire d’administrer un échec perpétuel au roi blanc, très loin du pion passé.
Carrières 1 – EDL 3

Une victoire à suspense, qui nous permet d’entretenir encore quelque espoir de montée !
RV le 17/12 contre Suresnes.

[…]* : Note du directeur de la publication

5 commentaires.

  1. Merci Olivier pour ce compte-rendu détaillé.

    Voilà une partie qui va conforter notre président dans son avis de ne jamais abandonner avant un coup du mat !

    Et il semble qu’Alain ait partagé ses dons d’hypnotiseur avec quelques autres membres de l’équipe 😉

  2. Merci Kptain.
    Je précise que c’est le directeur de la publication, personnage secret mais influent, qui a ajouté à mon texte dans la parenthèse du début le petit “hum…hum”.
    Connaissant les affres de la rédaction d’un CR, je ne me le serais pas permis…corporatisme oblige.
    Seul notre bien aimé Kptain est légitime en la matière ainsi que peut-être notre tout aussi bien aimé président, qui finit quasiment ses CR a tempo en arrivant chez lui

  3. En effet Olivier : pour davantage de transparence, j’ai précisé qu’il s’agit d’un ajout de la direction de la publication.

  4. Merci à vous deux :)

  5. “On a jamais gagné une partie en abandonnant” Tartakover

    Cette dernière partie me conforte dans l’idée qu’il faut luter jusqu’au bout même dans des positions très compromises. Si votre adversaire a l’avantage mais ne joue pas les meilleurs coups pour augmenter son avantage, continuez la partie ! La nulle et pourquoi pas le gain sont peut être à la clé.

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