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[N2 R4] : Ne pas seulement voir le verre aux trois-quarts vide…

… il faut aussi voir le verre au cinquième plein.

Alors certes, nous avons subi notre quatrième défaite en quatre rondes et, certes encore, le score est une nouvelle fois assez lourd.
Mais les motifs de satisfaction ne sont pas absents, ni même rares. Il m’en vient immédiatement à l’esprit au moins huit. Et si je réfléchissais une minute (n’ayez pas peur, il ne neigera pas – voire pire – demain, il ne s’agit que d’une figure de style) si je réfléchissais une minute (je ne m’en lasse pas) disais-je, huit autres se précipiterais pour asseoir mon argumentation.
Et n’allez pas croire que je sois soudainement devenu disciple de Pangloss ou adepte des théories d’Émile Coué.

Mais le plus simple est de vous en laisser juge vous-même :

Ces motifs de satisfaction étant tous plus évidents les uns que les autres, je ne peux les classer par ordre de priorité ni du plus flagrant au moins manifeste ni dans l’ordre inverse, je me contenterai donc de n’en présenter qu’un seul pour chacune des parties de ce match dans l’ordre des échiquiers.

Lorsque j’ai croisé Antoine sur le chemin du château du Cadet de Vaux, j’ai peiné à la reconnaître. Et non pas en raison de la buée recouvrant le pare-brise de ma luxueuse limousine, ni à cause des bourrasques balayant la rue de la station à Franconville. Son extrême fatigue défigurait un visage habituellement si avenant.
Le manque de sommeil dû aux multiples réveils-biberon nocturnes, les immenses responsabilités lors des astreintes durant lesquelles la vie de dizaines de milliers de personnes dépendent de sa réactivité et de la pertinence de ses choix l’avaient marqué.
Néanmoins, il fit face avec adresse et précision aux attaques subtiles du jeune et talentueux espoir franconvillois ne craquant qu’à la quatrième heure de jeu à l’approche du contrôle de temps du quarantième coup.
Il s’agit donc bien d’une prestation satisfaisante compte tenu des circonstances.

Très belle satisfaction aussi au deuxième échiquier : Olivier B. affrontait un adversaire redoutable. Non seulement en raison de son classement Elo supérieur, mais surtout par sa violente agressivité perceptible dès le troisième coup. Le gant fut relevé avec panache. Le gambit audacieux mit immédiatement « Gobbo » sous pression mais le deuxième échiquier enghiennois se défendit avec une rare précision. Et lorsque son adversaire abusa de testostérone, sa contre-attaque fulgurante envoya le roi adverse en mortelle randonnée. L’échiquier du lac ouvrait la marque par une brillante et rapide victoire.

À sa droite, son homonyme faisait face à la plus grande adversité : un champion de France ! Non seulement Olivier R. rendait près de deux cents points Elo de handicap mais sans doute bien davantage de points d’expérience.
Sans trembler, nullement impressionné par le palmarès de son adversaire, « Le Gangster » développa calmement, méthodiquement son jeu. Durant plus de trente coups, malgré la pression de la pendule, malgré l’avant-poste menaçant du cavalier adverse, l’équilibre fut préservé. Et ce fut son expérimenté adversaire qui craqua le premier. Et même si Olivier fut finalement victime d’un mirage, sa prestation montre que son classement ne reflète pas son niveau réel et qu’il est capable de tenir tête aux meilleurs.

Au quatrième échiquier, le duel des capitaines renouvela la discussion théorique commencée deux ans plus tôt. Benoît, friand d’expérimentation, osa une variante acrobatique découverte quelques jours auparavant, qui plongea son adversaire dans une profonde réflexion dès le huitième coup. La réponse issue de cette longue supputation n’étant pas l’une de celles attendues, ce fut au tour du capitaine enghiennois de dépenser de longues minutes à choisir son coup. Nouveau motif de satisfaction, ce temps ne fut pas dépensé en vain : le choix effectué correspondait aux préconisations mentionnées dans le livre de référence. Hélas, les tergiversations qui suivirent, dégradèrent sérieusement sa position et les ultimes gesticulations n’impressionnèrent nullement le capitaine franconvillois.

Lorsque j’écrivais plus haut « je ne peux les classer par ordre de priorité ni du plus flagrant au moins manifeste ni dans l’ordre inverse » j’ai menti, je l’avoue. Car, plus encore que la brillante victoire d’Olivier B. ou bien les quarante premiers coups de son homonyme et voisin face à l’ex-champion de France, c’est – sans flagornerie aucune – la prestation de notre président qu’il convient de noter.
Une fois de plus, Alain se retrouva en nette infériorité après quelques coups. Une fois de plus il frôla la défaite. Une fois de plus il ne se résigna pas et continua à combattre. Une fois de plus il sut saisir la moindre opportunité. Une fois de plus sa ténacité déstabilisa son adversaire. Et une fois de plus il mérita son nouveau pseudomyne « Le Phénix », demeurant le seul joueur de l’équipe encore invaincu.

Au sixième échiquier, à peine libéré, délivré des émotions de la veille, notre vétéran affrontait un adversaire bien mieux classé que lui. Confronté à une variante marginale mais piégeuse, il a gérer l’ouverture avec une précision remarquable. Manœuvrant ses pièces avec dextérité malgré l’étroitesse du terrain à sa disposition, la suite de coups 16… OOO, 19… Rb8, 20… Fc8 et 22… Dd7 était magistrale et validée par l’oracle informatique. La suite permettant de profiter de l’erreur adverse était fort cachée et ne fut malheureusement pas découverte. Puis, peu à peu la position se dégrada et le roi noir succomba.
Mais la gestion de la phase liminaire de la partie est digne d’éloges.

Serge, au septième échiquier, était celui qui faisait face au plus grand écart de classement avec son adversaire. On ne lui tiendra aucune rigueur des pions abandonnés à la gloutonnerie franconvilloise. La perspective d’un changement majeur dans sa vie personnelle a pu affecter la rigueur de sa réflexion. La fin de l’activité professionnelle – et l’on sait avec quel dynamisme notre ex-président s’y adonnait – même pour une retraite bien méritée, peut être source d’inquiétude. Mais, et c’est un motif de satisfaction, Serge, à l’image de notre actuel président, s’accrocha bec et ongles, tentant d’édifier une forteresse, repoussant longtemps l’inévitable. Hélas il finit par s’incliner car même à l’échiquier du lac il n’y a qu’un seul Phénix.

Les activités professionnelle et associative de Géraldine ne lui permettent pas de s’entraîner. Sur le trajet du retour, elle s’excusait de ne pas progresser. Lorsqu’on sait qu’il y a une dizaine d’années elle ne connaissait même pas le déplacement des pièces, son niveau actuel est tout-à-fait correct et ne justifie pas une telle contrition. J’en veux pour preuve sa partie, où elle affrontait elle aussi une adversaire largement mieux côté qu’elle. Au sortir de l’ouverture, une petite pointe tactique oubliée lui fit perdre un pion. Mais elle se ressaisit immédiatement et manœuvra tant et si bien que vingt coups plus tard les blancs n’avaient pas progressé d’un iota. Comme souvent, la pression finit par faire craquer le défenseur (la défenderesse en l’occurrence) qui donna un deuxième pion après quoi sa position s’écroula.

Comme je vous le disais et comme vous pouvez le constater à la lecture de ce compte-rendu d’une totale objectivité, les motifs de satisfaction sont fort nombreux.
Je pourrais en ajouter un autre, ou plutôt une lapalissade : comme cette saison nous sommes en nationale 2, quelque soit notre résultat final, la saison prochaine nous ne serons pas plus bas que la nationale 3.

Aussi, pour en finir avec cette culture du résultat qui nuit à notre plaisir de jouer, concentrons nous sur le côté positif des choses et regardons le verre au cinquième plein plutôt que de voir le verre aux trois-quarts vide.

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