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Coupe de France 3e tour : Pour espérer finir l’année sur une note positive

Après un début de saison décevant (trois défaites pour une victoire et un nul), nous nous déplacions au cœur de Paris pour affronter la redoutable équipe de Lutèce avec l’espoir de finir l’année civile sur une note positive.
Et positive elle fut…

Pierre, Emmanuel (qui remplaçait au pied levé Olivier grippé), Laurent et Benoît étaient chargé de porter haut les couleurs de l’échiquier du lac récemment ternies aux yeux du monde entier (alors que l’art d’abandonner avec grâce avait déjà été brillamment exposé ici même il y a fort longtemps).

Laurent et Benoît s’étaient retrouvés par hasard dans le même train. Bien en avance, ils purent admirer l’architecture et la botanique des courettes du Marais.

À son arrivée à la salle de jeu, Le capitaine lutécien indiqua qu’un jeune membre de son équipe, dans l’attente d’un test, était désespérément coincé dans la longue file d’attente de la pharmacie du quartier et qu’il ne serait pas arrivé à temps. Ledit capitaine pris sa place et rectifia la feuille de match en conséquence.

Puis il indiqua que trois membres de l’équipe de Lutèce avaient déjà été demi-finalistes de la Coupe de France (en effet, en 2015, Lutèce opposa, en demi-finale, une honorable résistance au futur vainqueur Clichy). Le capitaine enghiennois répliqua qu’un membre de l’échiquier du lac avait lui aussi été demi-finaliste. Il s’abstint d’en préciser la date, le vétéran de l’équipe de Lutèce n’ayant alors que trois ans.

Car les deux équipes étaient fort dissemblables : le plus jeune enghiennois avait dix ans de plus que le parisien plus âgé et, hormis au quatrième échiquier, les joueurs de Lutèce avaient environ 200 points Elo de plus que les membres de l’échiquier du lac.
Pour couronner le tout, nous avions les noirs aux premier et quatrième échiquiers.
Le match s’annonçait donc particulièrement difficile.

J’indiquais « hormis au quatrième échiquier » car Benoît y affrontait un joueur dont le classement Elo était inférieur à 1200. L’écart – non significatif – de 700 points était aussi le plus grand en termes d’années : le sexagénaire capitaine de l’échiquier du lac affrontait un jeune de huit ans.

Le match commença après le contrôle des pass sanitaires et les rappels habituels, mais sans le traditionnel café ce qui irrita profondément Laurent.

Les débuts furent solides de part et d’autre sauf au quatrième échiquier où Benoît fit une grosse erreur mais profita d’une gaffe de son jeune adversaire deux coups plus tard pour gagner un pion central.

Au sortir de l’ouverture, Pierre avait un pion de moins mais sa structure était intacte tandis que son adversaire avait des pions doublés et isolés sur les colonnes d et b.

La position d’Emmanuel était tout à fait égale et Laurent possédait un petit mais réel avantage qu’il s’ingéniait à accroitre.

Après deux heures de jeu les positions de Pierre et Emmanuel aux deux premiers échiquiers étaient toujours égales, Laurent possédait maintenant un bon avantage et Benoît était attentif à déjouer les nombreux petits pièges tendus par son jeune adversaire.

Devant la tournure défavorable du match, l’adversaire de Pierre décida de forcer les événements :

Je ne sais pas ce qu’il a manqué mais dans la position suivante :

Il tenta 29. Txd6 ?
Pierre garda son sang-froid et après 29… exd6 30. Ce6 Te8 31. Fxd6 Td7 32. Fc5 Cxd5 les blancs abandonnèrent.

Benoît gagna un deuxième pion. Puis, après avoir obtenu la « jolie » position suivante où la mélanopénie n’est qu’apparente, convertit son avantage spatial et matériel.

Grâce à ces deux victoires obtenues avec les noirs dont celle au premier échiquier, le match était donc gagné.
Les parties d’Emmanuel et Laurent n’avaient plus donc d’enjeu sportif.

C’est peut-être la raison pour laquelle Laurent ne choisît pas la variante la plus dangereuse pour son adversaire.

Dans cette position :

Après avoir gagné un bon pion par 26. Cxe5 Fxe5 27. Tb6 Fxb2 28. Txb4 Fa3 29. Tbb7 Tab8 30. Fxf7+ Rh8.

Il laissa son adversaire échanger les tours après quoi la nulle était inévitable malgré son avantage matériel.

Emmanuel au deuxième échiquier – où l’écart de classement Elo était le plus important, dépassant les 260 points – maintenait l’égalité au prix d’un gros zeitnot (- Nooon ? – Si si. – Vraiment ? – Hé oui…).

Dans la position suivante où les noirs viennent de répondre 38… Rg7-g6 ? à l’échec de la dame…

…malgré le zeitnot Emmanuel ne tomba pas dans les pièges 39 De2 ou Fe2 ?? Dh1 # ni 39 Df6+ Rh5 40 Fe2 ?? clouant la dame noire mais perdant le fou sur 40… Cg3+ et peut-être qu’avec plus de temps il aurait trouvé 39 Df6+ Rh5 40 Re1 après quoi le roi blanc échappe aux assiduités du couple Dame – Cavalier noir en conservant l’important pion g5.

Mais il joua immédiatement 39 Re1 ? Après la chute du pion g5, et malgré une résistance acharnée, il ne put éviter la course rapide du pion h noir vers la promotion.

L’échiquier du lac s’est donc imposé 2-1 (« according to plan » comme en plaisantait Pierre sur le chemin du retour) contre la forte équipe de Lutèce échecs et a terminé l’année sur une note positive.

Rendez-vous en janvier à domicile contre la redoutable équipe de Bois-Colombes qui nous avait éliminé il y a trois ans.

Bonnes fêtes de fin d’année à tous.

2 commentaires.

  1. Bravo à tous les 4 !

    La mélanopénie… Voici un joli mot, qui d’après mes recherches n’apparait dans aucun ouvrage, sauf “L’art de jouer les pions”, il faudra nous l’expliquer !

  2. D’après le langage fleuri de Hans Kmoch dans l’excellent livre « l’art de jouer les pions » , la mélanopénie est la faiblesse des cases noires, de même que la leucopénie est la faiblesse des cases blanches. Dans ma partie, malgré mes huit pions et demi sur cases blanches, mon roi a assuré le contrôle des cases noires centrales et permit la mise en mouvement des pions.

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